Depuis vendredi dernier, les prières dans la rue sont interdites en France. La loi est plus ou moins respectée. Paris De notre correspondant Kh'lass, il n'y a plus de prière dans la rue. C'est fini, kh'lass», répète à l'envi le recteur de la mosquée de la rue Myrha, cheikh Mohamed Salah Hamza devant les caméras. Depuis vendredi dernier, les prières dans la rue sont interdites sur le territoire français. Le ministre de l'Intérieur a fait le tour des médias pour annoncer sa détermination à faire respecter la loi, en n'excluant pas l'usage de la force. Dans le XVIIIe arrondissement de Paris, il y avait presque autant de fidèles que de journalistes pour l'entrée en vigueur de la loi. Dans la semaine, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, avait annoncé un accord entre l'Etat et les représentants de la communauté musulmane pour l'ouverture d'un nouveau lieu de culte dans une ancienne caserne du nord de Paris pour accueillir les musulmans qui prient habituellement dans les rues du quartier parisien multiethnique de la Goutte d'Or, faute de lieux appropriés. Cheikh Mohamed Salah Hamza ne cache pas sa joie. Tout s'est bien déroulé ou presque. L'imam a pris soin de fermer provisoirement la mosquée de la rue Myrha et celle de la rue Polonceau pour que les fidèles s'habituent à se rendre boulevard Ney. L'information n'a pas dû bien circuler car il y avait environ 200 personnes qui s'étaient présentées à la mosquée de la rue Myrha et ont prié sur les trottoirs. Une dizaine de radicaux voulaient en découdre avec les forces de l'ordre, mais ils ont été très vite isolés par les fidèles. «Ils ne sont pas du quartier, ils n'ont jamais prié ici avec nous. Ils viennent pour semer la zizanie et nous faire passer pour des violents. Nous refusons ces énergumènes», s'insurge Zakaria. Invitée, Marine Le Pen s'est défilée Fort de ce succès, Cheikh Mohamed Salah Hamza avait invité vendredi Marine Le Pen à venir se rendre compte de la situation sur place, à propos des prières de rue qui s'y déroulent depuis des années. La leader de l'extrême droite, qui a hérité du parti de son père, s'est débinée. Elle avait fait polémique en décembre dernier en faisant un parallèle entre ces prières de rue et l'occupation allemande. Elle voit dans l'ouverture de ce lieu de prière «un détournement de la loi de 1905» sur la laïcité. Dans une récente intervention, Marine Le Pen s'était dite favorable à l'instauration d'une peine d'expulsion du territoire pour tout étranger en récidive de prière de rue. La préfecture de police de Paris (PP) s'est réjouie qu'aucune prière n'ait entravé la circulation dans les deux rues du quartier de la Goutte d'Or : «A aucun moment, la rue n'a été coupée par des fidèles qui priaient sur la voie publique, sur la chaussée. C'est important de le dire», a déclaré le directeur de cabinet du préfet de police de Paris, Jean-Louis Fiamenghi. A Marseille, autre ville concernée par le phénomène des prières de rue, la préfecture des Bouches-du-Rhône avait mis à disposition provisoire un espace de 1000 m2, près de la Porte d'Aix.Espace qui s'est révélé insuffisant. «La plupart des associations gestionnaires de mosquée ont réussi à trouver des solutions permettant désormais d'éviter ces pratiques. En revanche, un petit nombre d'entre elles ne semblent pas pouvoir faire face à l'afflux des fidèles dans des locaux trop exigus», a expliqué la préfecture.La France compte 2,1 millions de «musulmans déclarés» de 18 à 50 ans, selon l'Institut national des études démographiques et l'Institut national de la statistique et des études économiques.