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Tunisie : Le combat pour la liberté d'expression continue
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Publié dans El Watan le 23 - 09 - 2011

Vous les connaissez par leur nom : Aziz Amami, Slim Amamou, ou encore Nadia El Fani. Pour ces militants, la Tunisie post-révolution ne sent pas le jasmin. Après la censure, voilà venu le temps de l'intimidation et de la répression.
Cela aurait pu être une simple blague, mais la police tunisienne ne l'entend pas de cette oreille. Le 14 septembre, huit mois jour pour jour après la chute du régime, le blogueur Aziz Amami est arrêté et tabassé par la police pour une plaisanterie concernant des bananes. Les policiers n'auraient pas apprécié la blague à cause d'une récente déclaration du Premier ministre Béji Caïd Essebsi, qualifiant 97% des agents de la Garde nationale de bons et le reste «de singes» ! Revenant sur cette affaire, Aziz salua la forte mobilisation pour sa libération, tout en mettant l'accent sur les nombreux «cas» de militants arrêtés, tabassés, intimidés, qui n'ont pas la chance de porter un nom célèbre. En effet, la Tunisie post-révolution fait toujours la chasse aux militants et aux cyber-militants en particulier.
En témoigne la bloggeuse Leena Ben Mhenni, à qui on a récemment refusé de lui délivrer un passeport, la condamnant ainsi à ne pas se déplacer. Si l'intimidation a toujours fait partie des pratiques des autorités, la blogueuse déplore que des campagnes de dénigrement contre elle et d'autres blogueurs soit menées par ses concitoyens, voire par ses confrères blogueurs.
Macaques
«On m'a accusée d'appartenir aux services secrets américains, allemands et même français», a-t-elle déclaré dans une vidéo-confession, regrettant que ce soient ses «propres compatriotes, et qui plus est des blogueurs, qui aient propagé ces ragots». Il faut dire qu'au sein de la blogosphère, la médiatisation a fait l'objet d'une lutte de leadership, parfois très violente. Autrefois élevés au rang de héros, ils ont beaucoup perdu en crédibilité. On leur reproche leurs «intentions cachées» ou d'éventuelles ambitions politiques. C'est d'ailleurs le cas de Slim Amamou, qui a dû démissionner suite aux fortes critiques qu'il a essuyées pour avoir fait partie d'un gouvernement comptant d'anciennes têtes du régime.
Mais à un mois du scrutin pour l'Assemblée constituante, le premier scrutin «crédible» de la Tunisie, c'est aussi l'occasion pour des blogueurs, proches du peuple et ayant pris des positions qui répondent à ses attentes, de passer à l'action afin d'en finir avec les anciens du régime. Ainsi, on sait qu'il y aura au moins six blogueurs dans les listes électorales. C'est ce qui incarnera peut-être le vrai changement, selon Aziz Amami qui, revenant sur sa blague, a déclaré : «Si nos policiers sont des singes, c'est parce qu'ils sont gouvernés par des macaques. Il suffit de voir Caïd Essebsi gouverner, comme s'il était au-dessus d'un bananier.» Ce n'est pas demain la veille qu'on fera taire les blogueurs en Tunisie !
Une Tunisie laïque ? El Fani dit «inch'Allah»
Sa cause, briser les tabous qui rongent la société tunisienne. Victime de censure et d'intimidation sous le régime de Ben Ali, Nadia El Fani croyait pouvoir travailler plus librement après la Révolution du jasmin. Mais c'est une autre réalité qu'elle découvre lors de la projection de son documentaire Ni Allah, ni maître. Projeté en avant-première mondiale lors du Festival Docs à Tunis, il lui a valu une campagne d'insultes et d'intimidations dans son pays. Rebaptisé Laïcité inch'Allah, jugé moins provocateur, le film documentaire de la réalisatrice tunisienne à la réputation sulfureuse est sorti en France avant-hier, alimentant de nouveau la polémique. Aujourd'hui, ce n'est plus aux autorités qu'elle a affaire, mais aux ennemis de la liberté parmi le peuple. C'est en août 2010 qu'elle entame le tournage de son film.
En plein Ramadhan, elle décide de dénoncer «l'hypocrisie sociale» qui règne en Tunisie et filme des non-jeûneurs et des consommateurs d'alcool en cachette. C'était pour elle «la meilleure façon de montrer l'emprise totale de la religion sur la société» et l'inquiétante montée des valeurs islamistes dans la population. La cinéaste avait entamé le montage de son film documentaire quand son peuple s'est levé contre la dictature. Nadia reprend alors sa caméra et repart pour une Tunisie en pleine effervescence. Le documentaire est complété par les témoignages et les débats sur la place de la religion dans la société tunisienne entre elle et des manifestants euphoriques, venant tout juste de retrouver la parole et décidés à ne plus jamais avoir peur.
Menaces de mort
C'est donc dans cette Tunisie en ébullition que la cinéaste choisit de dire tout haut ce que beaucoup, selon elle, pensent tout bas. Lors d'un reportage consacré à son film sur la chaîne privée Hannibal TV, elle déclare être athée, revendique le droit de l'être et réitère son engagement pour la laïcité. «Je ne crois pas en Dieu, et j'ai le courage de le dire !» martèle-t-elle. Du courage qui a donné lieu à une vaste campagne de dénigrement à son encontre sur le web. La réalisatrice reçoit même des appels téléphoniques la menaçant de mort chez elle à Paris.
Les extrémistes ayant eux aussi retrouvé la liberté d'expression. Les Tunisiens ne seraient pas prêts pour la liberté d'expression et de conscience ? On aurait tort de le croire. Face aux pressions, une autre campagne en soutien à la réalisatrice-militante est en cours. Associations, militants, cyber-activistes, artistes et simples citoyens se sont joints à la cause d'El Fani, défendant son droit d'exprimer publiquement ses convictions et embrassent sa lutte pour la laïcité. Laïcité inch'Allah, dont la projection en salles en France sera suivie de débats, est un appel direct à supprimer le premier article de l'actuelle Constitution, stipulant l'Islam religion d'Etat. A un mois d'un scrutin historique visant à élire l'Assemblée constituante chargée d'écrire la nouvelle Constitution, il ne serait pas étonnant, vu la forte mobilisation des défenseurs des libertés, de voir naître le premier pays arabe laïc, après avoir été le déclencheur du printemps arabe, et pris une longueur d'avance sur les pays de la région en matière des droits des femmes et de parité.


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