La préservation du patrimoine suppose la perpétuation de la mémoire, dit-on. Le témoignage d'une période, l'empreinte d'un passé. Mais on semble ne pas donner cher de ce legs qui nous est commun. De belles collections composées de statuettes, figurines parsemant une partie de notre patrimoine immobilier urbain vont à vau-l'eau. Ces pièces d'art qui ailleurs font l'objet de tous les soins périclitent devant notre indifférence. On évite d'évoquer certains objets d'art joliment ouvragés et qui, au fil du temps, ont perdu de leur lustre, se sont vu détériorés par l'usure du temps ou ont carrément pris la tangente sitôt placés : à l'image des colombes en marbre avec lesquelles on a furtivement orné le jet d'eau de la place du 1er Mai. Dans la foulée, il est attristant de voir nos jardins publics dont le mobilier urbain a été saccagé. Désolant de voir des rambardes et luminaires abîmés. Non sans peine aussi d'assister à l'étouffement de nos arbres par le bitume. Et comme nous n'avons de cesse de cultiver notre peine, il nous est donné à voir la disparition d'éléments architecturaux gravés sur certains édifices datant de l'ère coloniale dont les encorbellements, les oves, les corniches et autres voussures enjolivées de bas-reliefs attestent de l'estampe d'une époque. Qu'en est-il de ces petits frontons scellés sur des bâtisses coloniales qui longent les boulevards Zighout Youcef et Che Guevara ? Ces figurines aux têtes de lion en bronze arrachées le long des arcades par on ne sait quelle autorité et pour quel motif ! Même certaines plaques commémoratives attestant d'un événement ou d'un haut fait historique de notre glorieuse guerre de libération gisent au milieu des décombres et autres gravats. Un pied de nez à la belle ouvrage. Voire un affront à l'histoire.