Les travailleurs de l'hôtel Sheraton Club des Pins (Alger) sont entre le marteau et l'enclume. Face au silence de la direction générale qui dure depuis le début du conflit et aux licenciements «abusifs» du personnel, les travailleurs de cet hôtel ne savent plus à quelle instance se fier. De nouvelles sanctions sont tombées au cours de la semaine. Selon Mohamed M. porte-parole des travailleurs, «la direction a licencié jusqu'à ce jour une vingtaine de travailleurs». D'autres indiscrétions évoquent, par ailleurs, l'intention de la direction de licencier 260 employés dans les prochains jours. Ce qui n'a pas été confirmé par la direction de l'hôtel. Sollicitée, celle-ci s'est murée dans un silence incompréhensible. Les responsables de l'hôtel ont laissé comme consigne à la réception : «Le directeur de l'hôtel est en réunion, il ne peut pas vous recevoir maintenant, veuillez attendre la fin de la séance.» Contacté à plusieurs reprises, la direction était injoignable durant toute la journée d'hier. Les travailleurs se sentent lésés. «Ce matin (mardi, ndlr), le directeur de sécurité m'a indiqué que je suis licencié et m'a fait savoir que la lettre de licenciement me sera transmise vers midi, ce qui n'a pas été fait», a indiqué K. M., un travailleur de l'hôtel, estimant que «les responsables doivent savoir qu'on est déterminés à continuer la grève tant que nos revendications ne sont pas satisfaites. Par ces licenciements, ils veulent faire payer aux travailleurs le prix de leur engagement». Les travailleurs ont également fustigé l'attitude du directeur de l'Inspection du travail d'Alger, qui leur a rendu visite lundi, en le qualifiant de «versatile» et de «complice». «Son discours a changé après une entrevue avec le directeur de l'établissement», a encore déclaré K. M. Les grévistes accusent les responsables de l'UGTA de les avoir trahi après l'annulation du PV d'installation de la commission chargée de préparer l'assemblée générale, le 30 juin dernier, soit une journée après la signature du PV. «Beaucoup de gens pensent qu'on est mieux payés vu que Sheraton est un hôtel de renommée mondiale, alors qu'en réalité, on est sous-payés et surexploités», relève-t-il. Il est à signaler la présence des employés, venus en renfort, de l'hôtel Sheraton d'Oran. Les travailleurs rencontrés sur place ont indiqué que le gréviste de la faim, Hafid Ben Hadria, a été transféré à l'hôpital de Zéralda, lundi dernier, souffrant de maux au niveau de l'abdomen. Contacté par téléphone, Hafid Ben Hadria nous a indiqué qu'il se porte mieux et se sent en mesure de poursuivre son combat pour la dignité des travailleurs. Sur sa page facebook, ce jeune employé parle des conditions de travail et des abus de la direction du Sheraton d'Alger. De son côté, le sénateur Mostefa Boudina a apporté son soutien aux grévistes en envoyant au directeur de l'hôtel une correspondance où il dénonce la politique de la direction de l'hôtel en la qualifiant d'«arbitraire, abusif et antiréglementaire».