On le savait banalisé dans les établissements scolaires de la capitale et des grandes villes du pays. La surprise est grande de le retrouver dans les collèges et lycées d'une petite ville rurale de l'extrême ouest telle que Remchi. Une étude récente menée par le CHU de Tlemcen sur le tabagisme a de quoi donner des sueurs froides aux parents et aux éducateurs. Basée sur un échantillon de 1192 élèves scolarisés dans la daïra de Remchi, l'étude avance le taux effarant de 20% de fumeurs ? Si les conséquences néfastes sur la santé - l'asthme et les affections respiratoires chroniques touchent 7% des élèves - méritent d'être prises en charge, il n'en demeure pas moins que c'est le volet prévention qui intrigue le plus. Et plus est au sein d'une population censée recevoir une éducation quotidienne dans ce sens. A juste titre, les auteurs de l'étude recommandent « d'inscrire la lutte contre le tabagisme en tant qu'action continue et intégrée aux autres programmes de surveillance de la santé de l'enfant et de l'adolescent. Et non plus une action occasionnelle. » Comment expliquer le fait que nos établissements scolaires sont devenus des fumoirs ? Suffit-il de délivrer aux élèves des leçons magistrales abstraites et dépourvues d'intérêt - voire des sermons - pour les conscientiser ? A l'évidence non ! Il s'agit de multiplier les interventions dans les classes des spécialistes, médecins, psychologues, sportifs et de mettre en place un vaste dispositif d'animation culturelle et sportive. Par ces activités préscolaires étalées sur toute l'année - y compris les week-ends et les jours fériés - les élèves pourront dégager et canaliser leur agressivité et mobiliser leur trop-plein d'énergie. Ils trouveront matière à investir des centres d'intérêt qui les éloigneront des mauvaises tentations. Dans les pays anglo-saxons, l'importance du rôle joué par le sport et l'éducation artistique ont amené les autorités à leur réserver les après-midi dans les emplois du temps des élèves. Leurs bienfaits sont connus sur la santé de l'individu. Et pas seulement ! Le sport est aussi une école du civisme et de la citoyenneté : deux antidotes aux fléaux sociaux véhiculés par les adultes. En réalité, la vie scolaire des élèves de Remchi en particulier et de l'Algérie en général alimente l'ennui et l'oisiveté des aiguillons parfaits qui poussent le jeune vers le tabagisme ou la drogue. Que peut-on attendre d'un système scolaire qui enchaîne des bombes de muscles et de nerfs la journée durant entre les quatre murs de la classe ? L'ennui les envahit et ils chercheront des espaces de liberté pour s'en débarrasser. Et sous le préau une cigarette avec la tête dans les nuages, ils rêveront d'une école plus adaptée à leurs besoins multiples. ahmtessa @elwatan.com