De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le tabac est cet ennemi qui ronge à petit feu ses consommateurs et leur entourage. Une petite saute d'humeur et le clic du briquet est actionné. Un geste qui met en danger la santé de la population, la ratification entre l'OMS et l'Algérie portant interdiction de fumer dans certains espaces publics n'étant pas encore de mise à Constantine. On fume partout… Même dans les hôpitaux ! Les décideurs locaux devraient surpasser la date symbolique du 31 mai de chaque année pour en faire une journée sans tabac. La sentence demeure inconnue chez la population locale. C'est une nouvelle donne dans les us et coutumes, nous dit-on. Alors que, du côté des officiels, seule la sensibilisation bataille pour garantir un air sans nicotine et donc un sang sans poison. En parallèle, la DSP est aidée par des actions associatives qui œuvrent tant qu'elles peuvent à l'image de quelques établissements scolaires, ALAT… et même les structures culturelles. La rencontre somme toute minutieuse en raison de son fond ponctuant la Journée mondiale sans tabac se tiendra cette année à la commune du Khroub. C'est à l'initiative de l'Association ville santé de cette localité qu'une conférence et une exposition sur le sujet auront lieu au centre culturel Med Yazid. «Montrer la vérité. Les mises en garde illustrées sauvent des vies», lit-on dans le slogan qui, plus explicite, accuse les fabricants de tabac de «soigner l'emballage pour séduire le client. La vérité, c'est que le tabac tue et rend malade. Il ne faut pas seulement dire la vérité, il faut la démontrer !» Une démonstration qui sera assurée par des professeurs affiliés notamment au centre hospitalier Benbadis avec des thèmes ciblés et variés suivis de débats pour entrevoir pourquoi pas des recommandations aptes à faire du bruit sur les tables des officiels. Parmi les sujets exposés, on notera l'intervention du Pr Zoughaileche sur «l'aspect épidémiologique du retentissement tabagique», «la fonction ventilatoire chez les fumeurs», communication du Pr Mehdioui, ou encore le thème du «retentissement du tabagisme sur l'appareil cardio-vasculaire» retenu par le professeur Bougrida. Et comme le programme est né d'une ville, on ne passera pas à côté du sujet puisque le professeur Aberkane, ex-ministre de la Santé, exposera la problématique dans «le tabac et la ville santé». Il faut savoir que cette journée d'étude associera des directeurs d'établissement éducatif qui présenteront à leur tour «des réalités et des expériences dans leur établissement» car le tabagisme naît en grande partie à proximité des collèges et des lycées, jugent certains responsables de l'éducation. Les travaux se termineront par une intervention du professeur Benchikh de l'université Mentouri qui cernera les «aspects sociologiques du tabagisme». Une matinée durant, les risques du tabagisme seront ainsi épluchés en attendant le concret sur le terrain. Cela dit, quoique notre pays ait acquiescé au traité de l'OMS, il y a moins de trois années, quant la désignation des lieux publics où la consommation du tabac est interdite, les personnes non fumeuses continuent d'être exposées au tabagisme dit «passif» qui constitue un danger également pour leur santé. L'étonnement est plus grand lorsqu'on voit les couloirs de nos hôpitaux garnis de mégots à quelques mètres des lieux de consultation. «Chaque jour, c'est pareil !» nous disait en balayant le sol une femme de ménage activant au CHU de Constantine. L'étonnement est encore plus grand. Le directeur du centre hospitalier sollicité il y a quelques jours pour nous dresser un constat sur l'hygiène en milieu hospitalier nous fera part d'une frange de médecins qui fument à proximité des blocs opératoires ! La sentence de la direction de la santé et de la population tarde à se prononcer effectivement. La sensibilisation demeure son cheval de bataille. Cependant, des actions concrètes devraient être menées à longueur d'année pour éradiquer un tel fléau. «Le tabac nuit, le tabac tue !» C'est comme ça qu'il faut alerter la population afin de la mettre au courant du danger de la nicotine pour la santé des consommateurs et leur entourage, estiment les associations locales. Constantine marque chaque année la Journée mondiale sans tabac en s'articulant sur les activités d'associations formées de médecins. En somme, l'Organisation mondiale de la santé évalue à 50% le taux de décès dus essentiellement à la consommation du tabac. Plus sceptique, elle tire la sonnette d'alarme sur la multiplication de ce pourcentage d'ici à 2020 si aucune mesure restrictive ou stratégie ne sont mises en l'œuvre. C'est dire que la problématique du tabagisme interpelle toutes les franges de la société, non seulement des médecins mais des faiseurs d'opinion. Même l'art sera de la partie. Car une simple caricature pourrait éclairer sur les dangers du tabac…