Les joyeux s'en rappellent, l'année dernière s'est terminée en beauté pour les fainéants ; un 31 décembre férié pour fêter le retour du Président, celui-ci ayant préféré ne pas choisir un week-end pour rentrer. Et le lendemain, l'année suivante a démarré sur le même rythme ; un 1er janvier tout aussi férié pour le retour d'une nouvelle année puis quelques jours de travail à l'ombre d'un baril de pétrole tout-puissant et quatre jours de vide sacrificiel pour célébrer la fête surnommée à juste titre « la fête du partage ». En enlevant les week-ends, l'Algérie ne travaillera donc que 20 jours ce mois de janvier, auxquels il faut encore retrancher un jour, le 31 janvier comme premier mouharram. Si 19 jours sur un mois de 31 est sans conteste un score digne des rois dormeurs de l'antiquité, on n'en est plus à un jour près, autant donc ajouter le 12 à la liste, surtout que le nouvel an amazigh constitue une très justifiée revendication sur le thème porteur du « erroudjou' ila asli fadila ». Mais même si la primeur du repos devrait logiquement être réservée aux Imazighen pour avoir commencé à travailler avant tout le monde, personne au pouvoir ne semble pourtant y prêter attention, arguant sans rire qu'il y a trop de fêtes et pas assez de travail, trop de journées chômées et d'Algériens chômeurs. Finalement, au fond, la vraie journée à fêter serait la fête du pétrole. D'autant qu'elle existe, le 24 février. Dans un mois, après l'Achoura fériée, l'Algérie fêtera la nationalisation des hydrocarbures et les innombrables rentiers leur 420e virement mensuel depuis 1971, date de la récupération du sous-sol à des fins budgétaires. Et bien non, le 24 février n'est pas une journée chômée et payée, une journée de folles réjouissances et de grandes festivités. La fête du baril n'est pas fériée alors que les autres le sont, c'est complètement absurde.