L'instruction complémentaire sur l'affaire de l'autoroute Est-Ouest s'est achevée. Les conclusions du magistrat instructeur seront remises aujourd'hui aux parties concernées pour qu'elles puissent présenter leurs mémoires devant la chambre d'accusation.Le juge d'instruction du pôle judiciaire spécialisé près le tribunal d'Alger a achevé l'enquête complémentaire relative au scandale de l'autoroute Est-Ouest. Les conclusions seront remises aujourd'hui aux parties concernées par l'affaire, en attendant qu'elles soient examinées par la chambre d'accusation lors d'une audience dont la date n'a pas encore été fixée. Cette enquête avait été demandée par la chambre d'accusation le 8 juillet dernier, après plus de cinq heures de délibéré. Le magistrat instructeur devait apporter des réponses précises sur plusieurs points du dossier dans un délai n'excédant pas quatre mois sans pour autant s'éloigner du cadre de l'accusation. Il s'agit en premier lieu de vérifier les mouvements de fonds vers les comptes de Chani Mejdoub (l'homme d'affaires algéro-luxembourgeois) en Autriche et de passer au peigne fin la gestion administrative et financière de sa société de cosmétiques domiciliée à Alger. Le juge a également été instruit pour entendre des personnes ayant des relations avec Chani et dont les noms ont été cités dans le dossier. Il s'agit des nommés Saâd Boudemagh, Houari Baghdadi et d'un certain Harzellah. La chambre d'accusation a par ailleurs demandé au magistrat instructeur d'inculper les sociétés Pizarotti (italienne) et Alstom (française) ainsi qu'un groupement canadien d'études techniques sur les routes. Quelques jours plus tôt, les avocats avaient plaidé (devant la chambre d'accusation) contre la qualification des faits par le juge, tout en s'interrogeant sur ce qu'ils ont qualifié de «zones d'ombre non élucidées». De ce fait, la majorité avait demandé une enquête complémentaire. Certains ont exprimé leur étonnement du fait que de nombreuses «personnalités» citées dans le rapport préliminaire ne soient pas auditionnées lors de l'instruction. Parmi ces dernières, ils ont cité le cas de Pierre Falcone, le trafiquant d'armes français qui, toujours selon le rapport préliminaire, aurait obtenu des sociétés chinoises des commissions en contrepartie de ses services auprès des autorités algériennes pour l'obtention des marchés de réalisation de l'autoroute. D'autres avocats ont dénoncé «la politique des deux poids deux mesures» appliquée dans le traitement de ce dossier, tout en exprimant leur «incompréhension» face au fait que le juge n'ait pas décerné un mandat d'arrêt contre Mohamed Bejaoui, l'ancien ministre des Affaires étrangères, eu égard au refus de ce dernier de répondre aux nombreuses convocations du magistrat. Pourtant, ont-ils souligné, un mandat a bel et bien été délivré contre deux autres prévenus, qui étaient dans la même situation que l'ex-ministre.A rappeler que le juge d'instruction a inculpé dix-neuf personnes dans le cadre de cette affaire, dont quatre ont été placées sous mandat de dépôt et les autres sous contrôle judiciaire. Cinq inculpés sont poursuivis pour des faits relevant du tribunal criminel, alors que les autres doivent répondre pour des délits.