Vers de nouvelles inculpations Mise en délibéré, l'affaire de l'autoroute Est-Ouest a été renvoyée mercredi dernier devant le juge d'instruction pour complément d'enquête. Le magistrat a été sommé d'auditionner trois nouvelles personnes et d'inculper trois sociétés étrangères… La chambre d'accusation près la cour d'Alger a renvoyé le dossier de l'autoroute Est-Ouest au juge d'instruction pour enquête complémentaire. La décision a été prise tard dans la journée de mercredi, après plus de cinq heures de délibérations. Ainsi, le magistrat instructeur du pôle judiciaire spécialisé devra, cette fois-ci, mener des investigations sur des points précis délimités par la chambre d'accusation. Il s'agit en premier lieu d'enquêter sur les mouvements de fonds vers les comptes de Chani Mejdoub, l'homme d'affaires, en Autriche, mais aussi sur la gestion administrative et financière de sa société de cosmétiques, Oriflam, domiciliée à Alger. La chambre d'accusation a également demandé au juge d'auditionner des personnes citées dans le dossier et qui avaient des relations avec Chani, à savoir Saâd Boudemagh, Houari Baghdadi et un certain Harzellah. Elle lui a également demandé d'inculper les sociétés Pizarotti (italienne) et Alstom (française), ainsi qu'un groupement canadien d'études techniques sur les routes. Le magistrat a devant lui un délai ne dépassant pas quatre mois, à l'issue desquels il doit rendre son dossier, sans pour autant sortir du cadre tracé par la chambre d'accusation. Le 29 juin dernier, les avocats avaient plaidé devant cette instance contre les qualifications des faits par le juge et soulevé de nombreuses interrogations. Certains se sont demandés pourquoi des personnalités citées dans le rapport préliminaire n'ont pas été auditionnées dans le cadre de l'instruction. Ils ont cité le cas de Pierre Falcone, le trafiquant d'armes français, qui aurait touché des commissions en contrepartie de ses services auprès des autorités pour l'obtention des marchés de réalisation de l'autoroute au profit de la chinoise, CRCC-Citic. D'autres avocats ont qualifié d'inexplicable le fait que le juge n'ait pas décerné un mandat d'arrêt contre Mohamed Bedjaoui, l'ancien ministre des Affaires étrangères, à la suite de son refus de répondre aux convocations du magistrat. Un mandat qu'il a pourtant décerné contre deux autres prévenus, qui étaient dans la même situation que l'ex-ministre. A rappeler que le juge a inculpé dix-neuf personnes dans cette affaire, dont quatre ont été placées sous mandat de dépôt et les autres sous contrôle judiciaire. Cinq inculpés sont poursuivis pour des faits relevant du tribunal criminel, alors que les autres doivent répondre pour des délits. Les qualifications que le juge a retenues ont été contestées par la défense, qui espérait un complément d'enquête pour élucider les zones d'ombre. Mais pourraient-elles l'être, sachant que les demandes de la chambre d'accusation se limitent à certains points du dossier qui pourraient ne pas avoir un grand impact sur la suite de l'affaire.