Peu d'établissements de santé publique respectent à la lettre les recommandations relatives à l'hygiène hospitalière, à commencer par le lavage des mains. 25% des maladies développées dans les hôpitaux sont nosocomiales, selon une récente étude réalisée dans 38 établissements hospitaliers. Evaluer l'observance de l'hygiène des mains, faire la promotion du lavage simple ou de la friction avec une solution hydro-alcoolique et évaluer l'utilisation de cette solutions désinfectante sont, entre autres, les recommandations de la Journée internationale d'hygiène hospitalière organisée hier à Alger par le laboratoire Nosoclean sur «Les infections associés aux soins et l'évidence de l'importance de l'hygiène des mains». L'élaboration d'une stratégie nationale pour la promotion du lavage des mains doit constituer, selon les nombreux spécialistes participant à cette rencontre, une priorité. Laquelle doit être, selon les intervenants, mise en place à partir des situations observées dans les établissements de santé, qui pourront développer un plan d'amélioration de l'hygiène des mains. Pour le docteur Jacques Fabry du laboratoire d'épidémiologie et de santé publique de l'université de Lyon, des audits doivent être organisés au sein des établissements. Il a rappelé que c'est l'une des recommandations de l'OMS pour évaluer la qualité de l'hygiène manuelle. Il est donc nécessaire, selon lui, d'évaluer les ressources, la pratique et la qualité, ce qui peut être fait par un auditeur externe ou interne. Il y a lieu de faire de l'auto-évaluation afin d'améliorer les axes essentiels pour assurer une véritable hygiène hospitalière. Mais pour faire de l'évaluation, faudrait-il que des actions soient déjà menées alors qu'actuellement, peu d'établissements de santé publique respectent à la lettre les recommandations relatives à l'hygiène hospitalière à commencer par le lavage des mains qui, semble-t-il, sont quasi inexistants chez certains praticiens. L'observance des protocoles de lavage des mains n'est pas suffisamment respectée par le personnel de santé, a déclaré le docteur Atif, épidémiologiste au CHU de Blida, qui précise qu'il n'y a pas de promotion du lavage des mains en Algérie. Pour lui, il est urgent de mettre ne place une stratégie nationale pour la promotion du lavage des mains en milieu hospitalier afin de réduire la prolifération des infections liées aux soins. Pour le professeur Djoudi, épidémiologiste au CHU de Bab El Oued, la redynamisation des comités d'hygiène hospitalière est primordiale dans la lutte contre les infections nosocomiales. Elle estime qu'il reste beaucoup à faire en matière de moyens pour améliorer les conditions d'hygiène. Il est urgent, a-t-elle ajouté, d'établir un listing des produits pour l'hygiène des mains. «Les solutions hydro-alcooliques sont inexistantes au sein de notre établissement. D'autres produits sont par contre utilisés, mais nous nous ignorons leurs actions. Ces solutions doivent être gérées par la pharmacie de l'hôpital, au même titre que les médicaments, et non pas par l'économat. Il faut que la lutte contre les maladies nosocomiales soit un des axes prioritaires des projets d'établissements hospitaliers», a-t-elle signalé. Devant cet état de fait, le nombre de maladies nosocomiales développées dans les hôpitaux reste élevé ; leur taux au niveau national est estimé à 25%, selon une récente étude réalisée dans 38 établissements. Les infections nosocomiales sont reconnues comme des problèmes majeurs de santé publique de par leur fréquence, leur coût et leur gravité. Elles sont souvent considérées comme une mesure de la qualité des soins aux patients et de l'efficacité des systèmes de santé, a-t-on souligné. «Nous devons relever ce défi dans notre propre système de santé, nous impliquer et engager les usagers de l'hôpital, patients, utilisateurs de services de santé et professionnels soignants dans les stratégies de promotion», a souligné le docteur Timsiline, premier responsable de Nosoclean, qui signale que l'hygiène des mains est une mesure essentielle pour réduire les infections.