Au moment où les différents secteurs économiques observent des transformations multiples, la question récurrente de l'adaptation de l'enseignement universitaire aux besoins du marché est posée de nouveau. C'est dans ce contexte qu'un colloque international portant sur la stratégie de développement des offres de formation et l'environnement socioéconomique, auquel ont participé des enseignants et des chercheurs des universités du pays et de l'étranger, a eu lieu la semaine dernière à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Le colloque vise à initier une réflexion collective qui permettra de conduire à la formulation de la stratégie à adopter à l'avenir en termes d'offres de formation à l'université. Il a pour but aussi de «mettre en œuvre une démarche de participation à la mise en place d'une trajectoire de développement économique et social, par l'orientation des profils de formation et leur mise en adéquation avec les besoins immédiats et futurs de l'environnement socioéconomique», ont expliqué les membres du comité d'organisation. En tout cas, les contraintes qui empêchent l'adaptation des formations universitaires au marché de travail ne sont pas à négliger dans un contexte socioéconomique marqué par des mutations impressionnantes. M. Mitiche, vice-recteur chargé des formations graduées à l'université de Tizi Ouzou, déplore à cet égard, «l'inexistence, au niveau national, d'une base de données qui permettrait une évaluation de l'insertion professionnelle des diplômés de l'enseignement supérieur, d'où, selon lui, l'importance d'y remédier par la mise en place d'un outil à qui échoira cette mission.» Des diplômés inopérants Tout en signalant qu'il y a une certaine volonté de rapprocher les préoccupations chez les participants, M. Belabib, directeur de la formation au Crédit populaire d'Algérie (CPA), estime que «c'est vrai que l'université dispense des formations de base, mais faudrait-il qu'elle continue d'être à niveau discontinu sur certaines filières. Un exemple : l'étudiant en économie à l'université aujourd'hui n'a pas une bonne acquisition de la culture économique. Il se retrouve sur le marché de travail avec des concepts inopérants. C'est comme aussi l'étudiant en comptabilité qui est une discipline qui s'est complètement transformée aujourd'hui. On ne peut pas continuer à former avec le système de comptabilité classique, alors que nous sommes sur le système comptable financier. » De leur côté, à l'occasion de ce colloque, des représentants d'entreprises nationales (publiques et privées) ont fait état des difficultés qu'elles rencontrent en matière de recrutement des compétences universitaires. C'est le cas du représentant du groupe Cevital qui a énuméré une série de difficultés inhérentes à la sélection des cadres universitaires, comme «l'inadaptation des candidats à l'environnement du travail, la méconnaissance du processus de la filiale, l'inadéquation du savoir théorique acquis avec le savoir pratique et opérationnel exigé, la formation (qui) est trop théorique et non adaptée à l'environnement socioéconomique». Le représentant du même groupe requiert «l'association de l'entreprise à l'élaboration des programmes d'études du système LMD (licence-master-doctorat) en rapport avec la demande du marché», avant d'ajouter qu'«il est souhaitable et recommandé que l'université arrive à lancer des formations à la carte conformément à des demandes spécifiques de l'entreprise». 2 766 nouveaux cadres pour Sonelgaz Hamid Yousfi, directeur exécutif chargé des ressources humaines à Sonelgaz, a annoncé le recrutement de 2766 cadres pour la période 2012-2014. Il s'agira de 1606 qui seront recrutés dans le rang des ingénieurs et 879 des licenciés. 80% des nouveaux ingénieurs seront affectés au domaine technique, dont 46,1% à la filiale distribution de gaz et électricité, 15,9% à la production et transport d'électricité et 8,4% à la filiale photovoltaïque. Cependant, 60% des licenciés qui seront recrutés les deux prochaines années seront affectés au domaine de la gestion, dont 40,4% pour le service commercial, 17,7% pour la comptabilité/finance et contrôle de gestion et 13,2% pour la gestion des ressources humaines. Le présentant de l'Eniem (entreprise des industries électroménagères), Ouamar Boudiaf, estime que «les programmes techniques enseignés (à l'université, ndlr) s'adaptent aux exigences de notre entreprise. Mais pour certaines spécialités, un temps d'adaptation aux équipements utilisés dans le processus de fabrication de nos produits s'avère impératif. Ceci nous amène à recommander des stages de durées plus importantes au sein des entreprises durant la formation universitaire et ne pas nous contenter du stage de fin d'études pour l'établissement d'un mémoire ». Après l'exposé des attentes des secteurs utilisateurs, l'université est appelée à recentrer ses programmes d'enseignement à fin de répondre au mieux aux attentes des entreprises et, aussi, pour garantir aux futurs diplômés une insertion dans le monde du travail.