«La photo événement» est à l'honneur jusqu'au 3 novembre prochain au Musée d'art moderne et contemporain d'Alger avec la participation de vingt-trois artistes. Placée sous le thème «La photo événement», cette exposition entre dans le cadre de la tenue du 2e Festival national de la photographie d'art. Ils sont 23 reporters photographes à avoir pris leurs boîtiers pour immortaliser leurs coups de cœur. Des séquences de vies tantôt tragiques, tantôt heureuses qui témoignent d'un vécu et d'un passé. Avec leur sensibilité, la plupart des photographes de presse algériens ont livré des photographies réalisées en couleurs et en noir et blanc. Le commissaire du festival, Sid Ali Djenidi, a estimé, au cours du vernissage, que «ce genre d'exposition de photographies vise à montrer au grand public la fibre artistique des photographes de presse, souvent pris par le devoir de l'information qui ne leur laisse guère le temps d'exprimer leur sensibilité et leur imagination. Les photographies exposées portent un regard et expriment une réflexion de leurs auteurs sur l'actualité au-delà du factuel». Cette importante exposition de photographies, riche de plus d'une centaine de clichés, renferme des thèmes d'actualité variés, dont entre autres le nomadisme en Mongolie, la pauvreté à Oran, le pélérinnage à La Mecque, le séisme en Haïti. Notre confrère reporter photographe d'El Watan, Souhil Baghdadi, nous invite à découvrir quelques clichés en couleurs d'un voyage effectué au Danemark en 2010, dans le cadre d'un reportage photo sur le racisme et la malvie vécus par un jeune Syrien au Danemark. Avec son coup d'œil acéré qu'on lui connaît, Souhil invite plus d'un à partager un voyage hors de l'ordinaire. En s'accompagnant de ses clichés et racontant certaines anecdotes troublantes et révélatrices de ce jeune Syrien, Souhil, tel un chef d'orchestre, nous transporte d'un continent à un autre, au cœur même de l'humanité. Reporter photographe depuis une quinzaine d'années au quotidien L'Echo d'Oran, Abdelkader Fidouh lève le voile sur la misère insoutenable de ces hommes, femmes et enfants dans les rues d'El Bahia et ce, sous le regard impuissant des passants. De son côté, Benyoucef Cherif, correspondant de l'agence Gamma, a zoomé sur une série de photographies en noir et blanc, prises sans autorisation, au sein des Lieux Saints de l'Islam. Le périple d'un pèlerin est alors relaté grâce à la pellicule. Les photos en question sont toutes rehaussées par un second cadrage. «Recadrer dans le cadre même de l'objectif me permettait de voir la vie se dérouler pendant que j'en immortalisais des fragments», explique-t-il. Le plasticien et enseignant aux Beaux-arts d'Alger, Karim Sergoua, nous dévoile encore une fois un de ses multiples dons. Il nous transporte de l'art pictural à celui de l'image photographique, à travers un ensemble de photos baptisées «Vidéoez-vous». Notre regard est spontanément interpellé par ces photographies floues en couleurs, représentant une partie du visage et des mains de l'artiste. Cette sensation de flottement dans l'espace donne plus de portée à ces clichés. Il déclare à cet effet que «une goutte d'eau qui tombe dans l'océan crée un microsome d'ondes. En rajoutant votre goutte, en participant à cette performance, vous verrez que ce que vous filmez, même si l'environnement est restreint, les ondes se propagent avant de disparaître. De vous et pour vous, est un acte de résistance, certes dérisoire, mais un acte à part entière». A la fois, plasticien, journaliste critique, écrivain et décorateur de plateaux, Djaoudet Gassouma donne un large aperçu sur sa passion de la photographie. Djaoudet expose une panoplie de photographies prises lors de la tenue du deuxième Festival panafricain d'Alger en 2009.Ayant été au cœur de cet événement mémorable en tant que décorateur de plateaux, l'artiste révèle que «ces photos ne sont qu'un regard posé, un peu comme ça, émotives, tendres, partagées avec le public sur des éléments graphiques, un peu insolites comme le regard d'un enfant qui est le seul à regarder le ciel, quand tous les autres regardent… par terre».