De violents affrontements ont opposé, hier devant le siège de l'Institut de formation en électricité et gaz de Sonelgaz, à Ben Aknoun, des protestataires aux forces de l'ordre, provoquant une panique indescriptible des riverains et des automobilistes contraints de rebrousser chemin, avons-nous constaté sur place. Les forces de l'ordre ont assené de violents coups de matraque pour que les jeunes protestataires mettent fin à leur manifestation et évacuent les lieux. Les protestataires ont riposté avec des jets de pierres et autres projectiles. Tout a commencé avec la tenue d'un rassemblement de protestation, très tôt le matin, des membres de l'Association des résidents de la cité Sonelgaz de Ben Aknoun (ARC) en raison de la menace d'expulsion de leurs logements de fonction qui pèse sur leurs familles. Lors de cette manifestation, la route était coupée, ce qui a provoqué un énorme embouteillage dans ce tronçon routier très fréquenté à cette heure de grande affluence. «La police a commencé à charger et à brutaliser nos enfants sans qu'elle nous avertisse. Même nos femmes, qui étaient présentes à ce rassemblement, ont été molestées. Nos enfants, voyant cette injustice, se sont défendus et ont essayé de protéger leurs mères des brutalités policières», tempête un membre de l'Association des résidents de la cité Sonelgaz de Ben Aknoun. Suite à ces échauffourées, une délégation de l'ARC a été reçue par le wali délégué de Bouzaréah, qui leur a promis de saisir qui de droit pour trouver une solution à leurs doléances. Les membres de l'ARC réclament à leur tutelle de leur céder les logements qu'ils occupent depuis près de trente ans. Un membre de l'ARC fait part du calvaire et de l'angoisse qui hantent les travailleurs actifs et de vieux retraités de Sonelgaz depuis que cette épée de Damoclès est suspendue au-dessus de leurs têtes. 350 familles dont 20 veuves potentiellement expulsables «N'ayant pu acquérir d'autre toit, la réglementation en vigueur le leur interdisant, ces résidents, à 80% des retraités, ont saisi le PDG de Sonelgaz, les ministres de l'Energie et de l'Intérieur, le Premier ministre, le président de la République», écrivent dans un communiqué les membres de cette association. Et d'ajouter : «Tout était prêt : prix de cession, contrat, convention bancaire… mais subitement, M. Bouterfa, PDG de Sonelgaz, refuse de les céder, affirmant que c'est Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, qui refuse cette cession.» Selon un membre de cette association rencontré à Ben Aknoun, lors de deux assemblées générales du groupe Sonelgaz tenues en 2005 et en 2008, le ministre de l'Energie et des Mines de l'époque, Chakib Khelil, avait décidé de céder les logements à tous les travailleurs de Sonelgaz. Mais coup de théâtre : le PDG de Sonelgaz procède à l'annulation pure et simple de la décision prise lors de ces AG. «Mais contre toute attente des milliers de familles, au lieu d'appuyer les décisions de cette cession déjà prises en 2005 et en 2008, M. Bouterfa les fait annuler et revient à la charge contre les résidents, actifs et retraités, au moment où l'Etat reloge des centaines de milliers de citoyens», a-t-il noté. Les résidents des cités de Sonelgaz, qui englobent 350 familles dont 20 veuves, refusent catégoriquement de quitter les logements qu'ils occupent pour devenir des SDF après avoir tout donné à l'entreprise.