Les travailleurs observent une grève depuis dimanche pour demander «la reprise par l'Etat de cette entreprise», rachetée par un privé en 2008 dans le cadre de la privatisation des entités économiques. Ils étaient plusieurs centaines de travailleurs à se rassembler, lundi, devant le portail de leur entreprise avant d'entamer une marche à l'intérieur de l'établissement avec le principal mot d'ordre : «On demande le retour de l'Etat». Pour les grévistes qui accusent leur direction de mauvaise gestion, «l'employeur ne fait rien en matière d'investissement qui puisse garantir la pérennité des emplois et l'augmentation de la production qui a, du point de vue qualité, beaucoup régressé». Un autre travailleur que nous avons interrogé a affirmé : «Je travaille à la fromagerie sur une vieille machine et nous manquons d'outils, d'équipements d'hygiène et de protection». Un représentant du collectif des travailleurs a estimé : «Nous voulons que l'Etat reprenne la gestion de cette usine et que nos emplois soient préservés». Pris de vitesse par les travailleurs dans cette grève, le représentant de l'UGTA a rejoint le mouvement au deuxième jour du débrayage. Cette manifestation qui risque de perdurer, comme l'ont laissé entendre les protestataires, n'a pas été sans incidences sur l'approvisionnement des commerçants en produits laitiers, notamment le lait en sachet. La laiterie de Draâ Ben Khedda en distribue l'essentiel de la production locale, soit 320 000 litres/jour contre 220 000 l/j en 2008. La tension sur le lait en sachets commence à se ressentir dans les ménages qui se sont rabattus sur le lait en poudre. Par ailleurs, le conseiller du directeur qui a accepté de nous parler dit n'avoir reçu aucune plateforme de revendications et rejette en bloc les affirmations des grévistes quant au non respect du cahier des charges. A cet effet, il développe un argumentaire chiffré sur l'activité de l'usine depuis son rachat. «La laiterie ne se portait pas mieux avant 2008. Nous avions été tenus d'investir à hauteur de 350 millions de DA sur 4 ans. Or, nous avons engagé 400 millions de DA en 3 ans seulement». Sur le volet de la création d'emplois, le responsable rassure : «Nous avions une obligation de créer 150 emploi en 4 ans et là aussi le seuil est dépassé car nous avons créé 13 emplois supplémentaires. Nous employons actuellement 373 travailleurs». Accusée par les protestataires de «détournement» de la poudre de lait subventionnée par l'Etat, la direction qui s'en défend, par la voix de son conseiller, déclare : «L'Etat subventionne 830 tonnes de poudre de lait, l'équivalent de 265 000 litres/jour. Notre entreprise importe la poudre pour réaliser l'appoint et atteindre une production de 320 000 litres/jour».