Les membres du mouvement de redressement qui mènent une fronde contre la direction du parti du Front de libération nationale (FLN), à sa tête son secrétaire général Abdelaziz Belkhadem, s'apprêtent à organiser demain une conférence nationale autour des «réformes politiques» lancées dans le pays en avril dernier. C'est un énième épisode d'une crise qui ne cesse de secouer l'ex-parti unique dont le président d'honneur n'est autre que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L'intitulé de la rencontre en question, qui paraît en parfait décalage avec la réalité, cache, en effet, mal ses véritables objectifs. Les opposants à l'actuelle direction du FLN chercheraient donc à trouver des issues à leur engagement en prévision des prochaines élections législatives et locales. Salah Goudjil et ses partisans avaient menacé, faut-il le rappeler, de présenter leurs propres listes de candidatures. La guerre entre les deux parties, les membres du mouvement de redressement d'un côté, et Abdelaziz Belkhadem et son staff de l'autre, n'est pas près de s'arrêter de sitôt. Elle ne finira, soulignent d'anciens cadres du parti, qu'après les prochaines échéances électorales. Notre source, qui a requis l'anonymat, est convaincue que l'enjeu de cet affrontement qui perdure n'est, ni plus ni moins, les élections législatives et locales de l'année prochaine. Ceux qui ont été à l'origine de la crise qui secoue le parti depuis avril 2004, à l'issue de l'élection présidentielle de l'époque qui avait opposé l'ancien secrétaire général du FLN, Ali Benflis, au candidat du «consensus», Abdelaziz Bouteflika, «ne peuvent représenter, aujourd'hui, une solution». Ils ont tous été dans l'équipe de Abdelaziz Belkhadem, auteur d'un coup de force contre la direction issue du 8e congrès organisé en 2003 et à sa tête l'ancien secrétaire général du parti Ali Benflis. Mohamed Seghir Kara, à l'époque ministre du Tourisme, El Hadi Khaldi, ministre de la Formation professionnelle, Mahmoud Khoudri, qui a occupé lui aussi plusieurs postes ministériels, Abdelkrim Abada et Salah Goudjil qui ont pu s'imposer dans le bureau politique dirigé par Abdelaziz Belkhadem, ont tous, indique notre source, d'une manière ou d'une autre, participé à la situation de crise que vit le FLN aujourd'hui. Ce sont eux, ajoute notre interlocuteur, qui ont organisé des purges au sein du parti pour éliminer de jeunes cadres, dont la majorité est restée fidèle à l'ancien secrétaire général Ali Benflis. Selon la même source, les ministres précités ont été jusqu'à mener une véritable chasse contre les militants et les cadres du parti n'ayant pas soutenu la candidature de Abdelaziz Bouteflika lors de la présidentielle d'avril 2004. Que pèse alors ce groupe dans l'échiquier du FLN et aux yeux de sa base militante ? Pour cet ancien cadre du parti, ces vieux responsables, dont le nombre ne dépasse pas la quinzaine, ne drainent pas les foules. Bien qu'ils soient soutenus par quelques militants, victimes d'exclusion, «les redresseurs ne sont pas porteurs de solutions ; c'est une partie du problème», soutient notre source qui s'étonne d'ailleurs du fait de les voir aujourd'hui appeler à la fronde, alors que jadis ils appelaient les légalistes pro-Benflis à la retenue. C'est sans aucun doute les prochaines élections législatives qui les font courir, soutient notre interlocuteur qui estime que «l'avenir du FLN ce sont les jeunes porteurs de nouvelles idées de changement, comme l'édicte le contexte international et régional». Mais les membres du mouvement de redressement pensent pouvoir fléchir Belkhadem en se targuant de mobiliser des militants issus des 48 wilayas. En effet, le bras de fer qui les oppose, en plus des fractures qu'il a eu à subir risquent de mener le FLN à la faillite. Un de ses anciens membres influents avait répondu à un groupe de militants qui sont allés le voir pour lui suggérer de mettre le parti au musée au vu des problèmes qu'il traverse, qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter pour cela. Selon lui, «c'est ce que Abdelaziz Belkhadem est en train de faire». Ce dernier doit être dans une position des plus inconfortables. «Le FLN semble se diriger, sous sa coupe, droit dans le mur», prédit notre source.