Emeutes, immolations par le feu, grèves, rassemblement réprimés sont autant d'indicateurs du malaise qui oppose violemment l'Etat à toutes sortes de représentations sociales depuis des mois. Faut-il, aujourd'hui, redéfinir les rapports entre l'Etat et la société selon de nouvelles perspectives ? Selon le laboratoire d'études et d'analyses des politiques publiques de l'université Alger 3, la réponse est évidente. Un colloque a d'ailleurs été organisé sur la question, à l'hôtel Mouflon d'or d'Alger. «Parler aujourd'hui de protection sociale équivaut à s'interroger sur la paix sociale qu'elle garantie», explique d'emblée Mohamed Reda Mezoui, directeur du laboratoire d'études et d'analyses des politiques publiques lors de l'ouverture des travaux du colloque entamé dans la matinée d'hier. «Il s'agit, pour nous, de mettre notre démarche universitaire au service du débat public. Nous voulons attirer l'attention sur un certain nombre de réflexions que nos chercheurs mènent, notamment sur la question de la protection sociale en Algérie qui, comme dans de nombreux autres pays, a atteint ses limites» précise-t-il. La remise en question des modèles de l'action publique en matière sociale est de mise, autant dans un domaine lié au monde du travail que pour d'autres préoccupations. «Il s'agit de promouvoir l'idée précieuse de dialogue dont le pays a besoin et nous voulons, en tant qu'universitaires, apporter un regard objectif», explique-t-il encore. Ces suggestions seront-elles entendues ? Rompre le dialogue de sourds Les nouveaux paradigmes de l'économie libérale, la difficulté du dialogue social, le système de sécurité sociale, la lutte contre la pauvreté, le droit du travail sont autant de thèmes sur lesquels plusieurs intervenants algériens et étrangers se pencheront, dans le cadre de ce colloque qui sera clôturé aujourd'hui même. «Il est important, à l'heure actuelle, de parler du rôle et de la responsabilité de l'Etat dans la mise en place des politiques sociales», souligne le spécialiste du droit du travail, Mohamed Nacerdine Korriche. Et d'ajouter : «Le système de protection sociale de l'Algérie de 2011 s'essouffle, même si ce modèle classique a été installé avec succès après l'indépendance.» Il consacrera, aujourd'hui, une communication à «La protection garantie par le droit du travail, entre continuité et dynamique de changement». Quel changement ? «L'émergence d'une politique qui prenne en compte les nouvelles réalités d'un monde qui change», répond-il. L'échec des politiques sociales en Algérie est avoué du bout des lèvres par ces orateurs, qui sortent de leur domaine d'érudition pour se rapprocher des préoccupations pressantes des Algériens. «Nous voulons apporter des réflexions et des pistes de recherche pour rompre le dialogue de sourds sans verser dans l'opposition et nous avons l'espoir d'être entendus», précise l'organisateur de l'événement, Mohamed Reda Mezoui.
