Après Porto Alegre et Bombay, le Forum social mondial pose ses valises à Bamako, capitale du Mali, du 19 au 23 janvier courant. La rencontre de Bamako est l'un des trois événements polycentriques prévus en janvier 2006, les deux autres devant avoir lieu simultanément du 24 au 29 janvier, à Caracas au Venezuela et à Karachi au Pakistan. Près de 30 000 personnes sont attendues à Bamako pour prendre part au forum qui se tient pour la première fois en Afrique. Les thèmes retenus s'articulent autour de la militarisation, du néolibéralisme ainsi que « l'agressions contre les sociétés paysannes » et « l'alliance entre le patriarcat et le néolibéralisme et marginalisation des luttes des femmes ». Une journée internationale de réflexion sur les thèmes « Reconstruction du front du Sud, cinquante ans après Bandung » et « Lutte commune des peuples du Sud et du Nord contre l'impérialisme » sera organisée le 18 janvier. Il est aussi prévu des rencontres animées par des militants du mouvement social et des intellectuels d'Afrique et du monde, comme Samir Amin, José Bové, Ignacio Ramonet, etc. Les femmes (Univers Femmes) et les jeunes (camp international de la jeunesse Thomas Sankara) disposeront d'espaces particuliers pour construire leur propre territoire social. La culture, marquée par des expositions, des représentations théâtrales et musicales, sera une dimension transversale du forum et disposera d'espaces au sein des territoires du forum ainsi que dans la ville de Bamako. Le sport ne sera pas en reste avec l'organisation d'une « course de la solidarité », ouverte à des équipes mixtes de coureurs se relayant sur le parcours du « Territoire social mondial », selon l'agence Panapress. L'agence sud-africaine Inter Press Service (IPS) a relevé la non-évocation directe du sida dans les thèmes annoncés. « Le point focal de la conférence sera de critiquer la nouvelle donne néolibérale, mais cela ne signifie pas que les questions de VIH/sida et de gouvernance ont été négligées. Elles seront débattues dans une perspective plus large. Les questions de VIH/sida et de gouvernance surgiront toujours. Par exemple, s'il y a des abus contre les femmes au Darfour, ils seront évoqués comme faisant partie de la question de gouvernance », a déclaré à IPS l'activiste Vitalis Meja. Le néolibéralisme, bête noire des altermondialistes ? « Le programme (néolibéral) ne fait pas assez pour réduire la pauvreté : toute la richesse va aux nations riches, appauvrissant l'Afrique (...) Le taux de croissance économique de l'Afrique est de 4,6 %, mais sur le terrain, la pauvreté reste endémique... Jusqu'en septembre 2005, il y avait environ 60 % des populations de l'Afrique subsaharienne qui vivaient en dessous du seuil de pauvreté », a encore insisté l'activiste altermondialiste. Aminata Dramane Traoré, participante au FSM et connue pour son opposition aux politiques socioéconomiques du Nord, a vivement critiqué, lors d'une conférence de presse jeudi dernier, le néolibéralisme occidental qui « tue les économies africaines ». « Nos dirigeants seront à l'écoute au cours de ce forum, puisqu'ils souhaiteront que nous disions ce que eux ne peuvent pas dire à leurs maîtres du Nord », a-t-elle déclaré, selon Panapress. Adlène Meddi, Agences