Dans cette interview, Rachid Bouksim, directeur du Festival international du film amazigh d'Agadir, estime que la 5e édition du Finifa s'est déroulée en pleine période de bouleversements que connaissent des pays. Il a également précisé que l'officialisation de la langue amazighe au Maroc est un acquis pour tous les pays de la région de l'Afrique du Nord, comme il exhorte aussi les réalisateurs à s'intéresser beaucoup plus à des sujets ayant trait à l'identité. -Quel bilan faites-vous de la 5e édition du Festival international du film amazigh Issni N'Ourgh d'Agadir ? Je suis vraiment heureux et satisfait de la réussite de la 5e édition de notre festival qui s'est déroulé en pleine période de bouleversements que connaissent des pays du nord de l'Afrique et du Monde arabe. Actuellement, il y a des révolutions que nous espérons voir s'étendre vers le monde du cinéma. Il y a des films qui sont projetés ici, à l'occasion du Finifa, en avant-première. Il y a aussi un produit cinématographique tourné dans les îles Canaris qui est projeté en première sortie internationale. Donc, cela dit, le rendez-vous d'Agadir a suscité un impact remarquable. Je voudrais aussi dire que le documentaire La langue de Zahra, qui évoque l'émigration, un sujet qui s'applique à plusieurs régions d'Afrique du Nord, a été bien accueilli par l'assistance. Il reflète la réalité du terrain en Kabylie tout comme à Agadir. D'ailleurs, comme vous l'avez vu, il a suscité beaucoup d'émotion dans la salle, lors de sa projection. Il mérite amplement le premier prix. Il en est de même pour le film de Christian Lorre qui a bien pensé à rendre hommage à Izenzrene, ce groupe mythique du Maroc qui est toujours marginalisé. En somme, il faut dire que lors du festival, nous avons projeté des films vraiment intéressants. -Lors de la cérémonie de clôture du festival, le prix national de la culture amazighe, catégorie court métrage, n'a pas été attribué. Pourquoi ? Nous avons fait tout pour encourager tous ceux qui ont pris l'initiative de réaliser des courts métrages, notamment les jeunes. Mais il faut bien souligner que pour ce qui est de l'attribution du prix national de la culture amazighe, la décision n'est pas du ressort de l'association Issni N'Ourgh. Elle revient à l'Institut royal de la culture amazigh (Ircam). -Cette année, le Finifa s'est tenu quelques mois seulement après l'officialisation de la langue amazighe au Maroc, à la faveur de la nouvelle Constitution. Un commentaire …. L'officialisation de la langue amazighe au Maroc est un acquis non seulement pour notre pays, mais aussi pour toute la région de l'Afrique du Nord. J'espère que cette avancée identitaire pourra avoir une affluence sur les dirigeants des pays de tamazgha pour officialiser cette langue qui permettra aux gouvernements de mener une stratégie claire allant dans le sens de la promotion de notre culture en général et du cinéma amazigh en particulier. L'année prochaine, nous allons avoir d'autres films qui sont actuellement en tournage par des professionnels. Nous souhaitons que les réalisateurs s'intéressent beaucoup plus à des sujets ayant trait à l'identité pour rectifier, via l'image, l'histoire de l'Afrique du Nord.