Plus de 30 millions d'Algériens s'entasseront, à l'horizon 2025, dans les différentes villes et autres centres urbains, soit l'équivalent de l'ensemble de la population actuelle de notre pays ! C'est là l'inquiétante projection faite par le ministère délégué chargé de la Ville qui tire, du coup, la sonnette d'alarme sur la nécessité de préparer une telle perspective. C'est aussi l'un des arguments majeurs contenus dans l'exposé des motifs pour appuyer l'inévitable cadrage juridique de la notion de ville. Le projet de loi d'orientation de la ville vient en l'occurrence dans une assise légale à un aménagement vital du territoire. Pour cause, l'Algérie rurale s'urbanise et se « citadinise » au fil des années jusqu'à rendre nos villes pratiquement invivables du fait de la densité des populations qui y « vivotent ». Le projet nous apprend ainsi que pas moins de 60% des Algériens vivent aujourd'hui dans les villes, où ce qui en reste. Suite de la page 1 Et les prévisions ne sont guère prometteuses. Le taux va en effet croître dangereusement pour culminer à 80% de la population, d'après les estimations, ce qui va forcément se répercuter sur la qualité du cadre de vie des citoyens, mais surtout accentuer le déséquilibre de la répartition de la population sur le territoire. Il y est d'ailleurs indiqué à titre d'exemple que 65 % de la population sont concentrés dans la région nord du pays dans un espace géographique d'à peine 4%, tandis que 87 % de la superficie du pays sont peuplés seulement par 10 % de la population. Il y a donc urgence à mettre en place une stratégie nouvelle pour nos villes qui puisse les prémunir contre des exodes ruraux massifs annoncés. Et c'est justement dans cette perspective que le ministère chargé de la Ville a pondu cette loi d'orientation qui devrait être adoptée prochainement par le Parlement. « C'est un dispositif absolument indispensable qui permettra à nos villes de reconquérir leur identité en tant qu'entités économiques, sociales et culturelles », précise le projet de loi qui complète le texte de 2001 relatif à l'aménagement du territoire. La nouveauté dans ce texte réside dans l'apparition des notions comme la décentralisation, la déconcentration, le développement durable et surtout la bonne gouvernance comme principes cardinaux de cette politique de la ville. Il reste à savoir si elles seront effectivement prises en considération sur le terrain, mais surtout si les textes d'application vont suivre. Les villes algériennes sont en effet tellement sales et mal gérées qu'elles ne peuvent se suffire d'une loi. Fût-elle votée par le Parlement.