Après la décision, samedi, du Conseil des ministres de consacrer une enveloppe de 50 milliards de dinars (soit près de 700 millions de dollars) à la réalisation de la nouvelle ville de Hassi Messaoud dans le cadre de la préservation de ce champ pétrolier des risques majeurs, une grande étape vient d'être franchie pour un projet qui a été entrevu à l'automne de l'année 2004, soit après la catastrophe de Skikda au mois de janvier 2004. En décidant de mobiliser l'argent pour construire la nouvelle ville, les pouvoirs publics accélèrent le programme qui avait été arrêté et qui consistait à libérer la région où est situé le gisement géant afin de prémunir les populations d'une éventuelle catastrophe humaine et mieux valoriser les réserves importantes de pétrole brut qui sont situées dans le périmètre. Si durant l'année 2004, le gouvernement a engagé une procédure destinée à la zone pétrolière de Hassi Messaoud, au mois de décembre 2005, il a ciblé d'autres zones de production d'hydrocarbures comme Hassi R'mel, où est situé l'un des plus grands gisements de gaz du monde, et Berkine, la nouvelle province pétrolière. Deux décrets exécutifs ont été signés à cet effet pour la zone de Hassi R'mel et le pôle de Berkine. Les textes responsabilisent les détenteurs de titres miniers, à savoir Sonatrach pour l'instant. Ils leur confient la responsabilité d'instaurer un règlement spécifique applicable à l'intérieur de la zone concernée portant mesures de sécurité industrielle et plan d'intervention, selon le gouvernement. Les textes interdisent dans la zone toute construction ou investissement non liés à l'activité proprement dite et imposent la destruction des constructions illicites édifiées au détriment de la sécurité des champs et installations ainsi que le respect des règles d'environnement, selon les services du chef du gouvernement. Des mesures similaires touchant d'autres champs pétroliers et gaziers ont été prises par le gouvernement. Il en est de même pour les zones industrielles d'hydrocarbures de Skikda et d'Arzew. Pour le gouvernement, il s'agissait de mettre fin à une situation d'anarchie et de garantir la sécurité des citoyens, des biens et de l'économie nationale. En fait, l'accident du complexe de GNL de Skikda au mois de janvier 2004 a agi comme un détonateur. Un autre accident à Skikda qui a entraîné la destruction de deux bacs de stockage de pétrole brut est venu rappeler l'urgence de la gestion du risque qui est majeur dans ce cas précis. Le décret déclarant Hassi Messaoud zone à risques majeurs a été signé le 24 avril 2005 par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Deux principales causes avaient motivé cette décision. La première réside dans la nécessité de libérer le périmètre de toute activité autre que celle des hydrocarbures. La deuxième découle de la nouvelle loi 04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable. Vu la configuration de la zone de Hassi Messaoud, qui abrite l'un des gisements de pétrole les plus importants du monde et son développement non contrôlé avec une gestion anarchique du foncier et une extension non contrôlée, un accident peut entraîner une véritable catastrophe nationale avec un nombre important de victimes qui pourraient être de plusieurs dizaines de milliers, selon des experts. De plus, les réserves d'hydrocarbures que recèle le gisement géant de Hassi Messaoud sont estimées à plusieurs dizaines de milliards de barils, dont 7 milliards de barils ont été extraits selon des chiffres communiqués par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Le décret fixait aussi la nouvelle implantation du siège du chef-lieu de la commune de Hassi Messaoud qui sera transféré au lieudit Oued El Meraâ, situé à l'intérieur du territoire de la commune de Hassi Ben Abdallah, dans la daïra de Sidi Khouiled.