En engageant des dépenses improductives faramineuses pour maintenir la paix sociale, le gouvernement fourvoie le pays dans une crise économique d'une gravité comparable à celle des années 1980. Même si l'Algérie qui a une dette extérieure aujourd'hui supportable qui peut lui permettre de faire appel à des emprunts pour faire faire aux besoins des dépenses d'un Etat qui vit largement au-dessus de ses moyens, le gouvernement est clairement en train de faire le lit d'une crise économique et financière dont les couches populaires les plus vulnérables feront les frais. L'effondrement du reste déjà entamé des cours du pétrole qui pourrait prendre une grande ampleur durant l'année 2012 en raison du ralentissement de l'industrie mondiale, pourrait en effet engendrer un grave problème de recettes budgétaires. En grande partie puisées de la fiscalité pétrolière, ces recettes ne pourront effectivement jamais être à la hauteur des dépenses de fonctionnement en très forte hausse que l'Etat devra engager durant l'année 2012. Il ne faudra même plus compter sur le Fonds de régulation des recettes pétrolière pratiquement laminé par le déficit budgétaire abyssal prévu dans la loi de finances pour la même année (plus de 4000 milliards de DA) pour amortir le choc pétrolier. Il faut dire que pour se mettre à l'abri du vent de révoltes qui secoue le monde arabe, le gouvernement n'a pas lésiné sur les dépenses de fonctionnement improductives consistant à octroyer des hausses de salaires avec effet rétroactif à une pléthore de fonctionnaires, à recruter à tour de bras des agents de sécurité pour la plupart affectés au maintien de l'ordre, à soutenir à grands frais des produits alimentaires importés dans un contexte de hausse mondiale des prix et assainir à coups de centaines de milliards de DA des entreprises publiques budgétivores. Très peu d'argent ayant été injecté dans l'économie productive, l'Etat ne peut même pas compter sur de nouvelles ressources fiscales en provenance des secteurs de l'industrie et de l'agriculture en proie à un marasme sans précédant. La crainte d'un effondrement des prix des hydrocarbures, du reste déjà entamé, est d'autant plus fondée que même Karim Djoudi, notre pourtant très prudent ministre des Finances, vient d'affirmer devant les députés de l'APN que cette dégradation des cours du pétrole n'est pas du tout à exclure, ne serait-ce que du fait de la grave récession qui affecte l'économie mondiale. Un inquiétant pronostic du reste corroboré par les prévisions très pessimistes de l'OPEP et de l'AIEA qui maîtrisent parfaitement les données de ce marché très volatile. Selon les experts, l'industrie mondiale tournera beaucoup moins bien en 2012, entraînant une forte baisse de la demande d'hydrocarbures dont les prix repartiraient en conséquence à la baisse. C'est évidemment un mauvais présage pour les pays comme le nôtre, qui ont construit leur économie presque exclusivement sur la rente pétrolière et qui pourraient de ce fait sombrer dans une crise économique et financière d'une ampleur semblable à celle du début des années 1980. Déficit en hausse La crise est d'autant plus à redouter que le ministre des Finances évalue déjà le déficit des opérations du Trésor à un peu plus de 577 milliards de dinars à la fin du premier semestre de l'année en cours. Le déficit évalué à environ 62 milliards de dinars durant la même période de l'année 2010 a donc subi une hausse vertigineuse qu'expliquent en grande partie les hausses de salaires et le recrutement d'une pléthore de fonctionnaires et tout un ensemble de dépenses (soutien des prix, assainissement des entreprises publiques, etc.) effectuées pour assurer une certaine paix sociale. Signe évident du creusement du déficit, le projet de loi de finances pour l'année 2012 en débat à l'APN table sur un déficit colossal de l'ordre de 25% du produit intérieur brut largement justifié par les dépenses de fonctionnement en augmentation d'environ 7%, pouvant atteindre, voire même, dépasser 4610 milliards de dinars. Un record de dépenses de fonctionnement historique jamais atteint durant toute l'histoire de l'Algérie indépendante. Un record que le ministre des Finances attribue aux 2600 milliards de dinars que l'Etat devra débourser pour payer les hausses de salaires et indemnités souvent accompagnées de rappels sur plusieurs années, aux 240 milliards qu'il faudra allouer au soutien des prix de produits de première nécessité ainsi qu'aux 65 000 fonctionnaires qu'il sera nécessaire de recruter pour assurer le fonctionnement des équipements collectifs récemment livrés (surveillance du tramway et du métro d'Alger, entretien des routes et autoroutes mises en service, etc.). Les capitaux faramineux (plus de 400 milliards de dinars) qu'on a l'habitude d'inscrire au budget de fonctionnement de l'Etat n'ont, pour on ne sait quelle raison, pas été évoqués par notre ministre des Finances, sans doute de crainte d'alourdir encore davantage le déficit déjà très alarmant. Ce dernier a également omis de préciser à partir de quel seuil de prix des hydrocarbures le pays commencerait à pâtir d'une réduction insupportable de recettes pétrolières. Les experts citent le prix de 80 dollars le baril, qui représenterait aujourd'hui un pouvoir d'achat à peine comparable à celui de 20 dollars qu'il avait en 1980. La flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires, des équipements de production et des matières premières est en effet telle qu'un prix du baril de pétrole inférieur à 80 dollars pourrait conduire notre pays vers une crise à tous points comparables à celle des années 1980.