Moussa Touati avait menacé en mars dernier de bloquer les délibérations de 500 communes si le nouveau code communal était adopté. Il l'a été le 24 avril dernier, et le FNA n'est pas sorti du rang pour autant. Ailleurs, sous le sceau du Forum des maires, créé il y a plus d'une année, on avait aussi promis un soulèvement. Des centaines de maires avaient adhéré à l'appel du président du Forum des maires, Mouhib Khatir (toujours en prison), dans la vague des contestations du printemps dernier, d'effectuer une marche dans la capitale en septembre pour faire aboutir leurs revendications. Le mois de septembre est passé, et aucune marche ni mouvement n'a eu lieu. Leurs revendications qui s'articulaient en trois points susceptibles de leur accorder plus de prérogatives étaient pourtant bien structurées : l'immunité des élus, un meilleur salaire et le droit de cumuler plusieurs fonctions pour créer une dynamique politique qui aille de la base vers le sommet de l'Etat. Depuis, rien. Ou presque. Des voix continuent à s'élever pour décrier le nouveau code communal, mais dans la logique de l'inertie. La machine continue de tourner : les citoyens contestent de manière isolée et les élus font ce qu'ils ont à faire, pendant que la justice guette (ou attend les ordres ?). Comment expliquer ce statu quo dont tout le monde s'accommode ? «Larbi Ben M'hidi disait qu'il faut jeter la révolution dans la rue. Ce problème n'appartient pas qu'aux élus, mais à tous les citoyens», répond Tayeb Zitouni, P/APC de la commune d'Alger-Centre. Ce maire (RND), qui s'apprête à achever son troisième mandat (15 ans) à la tête de cette commune, pense, lui aussi, que «le nouveau code communal ne représente pas une réelle réforme, mais juste un petit réglage qui ne réponde pas aux problèmes de fond qui pourraient mener vers une gouvernance locale». Une gouvernance locale, et pourtant, garantie par l'article 16 de la Constitution : «L'assemblée élue constitue l'assise de décentralisation et le lien de participation des citoyens à la gestion des affaires publiques». Une Constitution à mille lieux de la réalité algérienne. «La vraie réforme est celle qui toucherait le pouvoir local dont les charges sont intimement liées au quotidien du citoyen», expliquait, il y a deux semaines à Alger, Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN. Encore un aveu d'échec qui montre du doigt un Etat centralisateur dans lequel le maire autant que les élus qui l'entourent semblent être condamnés à rester des pions qui ont le droit de se servir, à partir du moment où ils ne desservent pas le système politique qui les a placés et qui craint plus que tout de perdre le contrôle.