Dysfonctionnement n L'Etat n'a pas mis les moyens nécessaires pour une prise en charge idoine des malades cancéreux, même si les discours prometteurs n'ont pas manqué ces dernières années. En sus du manque de certains produits pharmaceutiques indispensables, les machines de radiothérapie s'avèrent incapables de faire face à la demande sans cesse croissante. Ces appareils n'ont pas pu résister à la surutilsation qui en a été faite et sont tombés en panne, obligeant ainsi des milliers de malades à prendre leur mal en patience. Et ce n'est pas seulement les machines du Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) qui sont endommagées, mais une bonne partie des appareils de radiothérapie que compte les cinq centres anticancéreux du pays. Au CPMC, les rendez-vous pour consultations de radiothérapie ont, d'ailleurs, été suspendus jusqu'au mois de mars 2011, alors que les séances de soins ne reprendront qu'en juillet 2011, selon les responsables du centre. Des appareils qui devraient être utilisés pour soigner au maximum 200 malades par jour sont utilisés pour plus de 500 cancéreux. Ils fonctionnent H24, selon des infirmiers, qui affirment que cette paralysie du service de radiothérapie était attendue en raison de la surutilisation des machines. Pas de nouveau rendez-vous avant mars 2011. Seulement, les anciens malades pourront bénéficier de séances de radiothérapie. Les tumeurs auront tout le temps de proliférer et le nombre de malades sera, sans nul doute, revu à la hausse. Le plus dur est, donc, à venir. Le personnel médical et paramédical affirme avoir subi des pressions et des menaces de la part des parents de malades. Les malades venant de loin tiennent, eux, à bénéficier de soins dans les plus brefs délais. «J'ai subi des menaces et j'ai été agressé à la sortie de l'hôpital. Les gens nous tiennent pour responsables de cette situation, nous accusant d'avoir saboté les appareils pour ne pas travailler», témoigne un infirmier. Pas moins de 1656 nouveaux patients ont été pris en charge par le service de radiothérapie entre janvier et août 2010, sans compter les anciens cancéreux qui régulièrement y subissent des soins de radiothérapie, a affirmé récemment le professeur Afiane, chef de ce service. La suspension des rendez-vous a aggravé la peur des cancéreux et de leurs familles de voir leur état s'aggraver après une année sans traitement. Dans la salle d'attente, des parents de malades tentent de «dénicher une connaissance» pour «caser» leur malade, en vain. «Je ne sais même pas si elle (sa femme) sera vivante d'ici à 2011», déplore un père de famille, venu de Laghouat, et dont la femme atteinte d'un cancer du sein et qui vient à peine de terminer sa cure en chimiothérapie, risque de succomber à sa maladie avant de pouvoir bénéficier de la radiothérapie, surtout préconisée dans ce type de cancer. Une thérapie qui doit intervenir, selon les spécialistes, après pas plus de six semaines de chimiothérapie. Les spécialistes se disent pessimistes et craignet une aggravation de cette situation, sachant que pas moins de 7000 nouveaux cas du cancer du sein sont enregistrés annuellement en Algérie.