Les travaux ont fait réagir certains riverains de la Grande-Poste qui voient d'un mauvais œil ces opérations menées à la hâte. Des travaux d'embellissement sont lancés ces derniers jours : des ouvriers sont à pied d'œuvre pour repeindre la rampe Ben Boulaïd, certains immeubles des rues Khemisti et El Khettabi, et certains quartiers traversés par le métro. La visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pressentie pour inaugurer le métro, a incité les services de la wilaya à engager une course contre la montre : des entreprises communales, des établissements publics de la wilaya, plus particulièrement Asrout, la DTP et l'Edeval sont engagés pour mener des «travaux de rattrapage». Les travaux ont fait réagir certains riverains de la Grande-Poste qui voient d'un mauvais œil ces opérations menées à la hâte. «Une centaine d'ouvriers, tous corps de métiers, sont là à peindre, nettoyer et tondre les arbres. Le lycée Delacroix (actuel Barberousse), la Grande-Poste, la stèle de l'équipe du FLN, abandonnée depuis des années sont nettoyés. Tout cela se fait sans professionnalisme. Cela va entraîner de lourdes dépenses, et les réparations nécessaires dans les immeubles seront encore oubliées. Mais qui veut-on leurrer ?», s'indignent des résidants qui voient arriver des hordes d'ouvriers jour et nuit sur cet endroit où se déroulera la «kermesse présidentielle». Les résidants de la rue Khemisti et El Khettabi sont irrités par le comportement de certains ouvriers sans gêne. «Ces ouvriers enjambent des balcons sans autorisation. Pas plus tard qu'hier, des agents sont rentrés en force dans les immeubles pour enlever les antennes paraboliques d'une partie de la rue Monge», s'étonnent des riverains. La wilaya d'Alger, qui supervise les travaux à travers la circonscription de Sidi M'hamed, ne s'est pas départie des vieux réflexes. «En prévision du passage du président de la République en 2008, l'APC de La Casbah avait sorti la grosse artillerie : des ouvriers ont été envoyés le long du parcours présidentiel. Ils ont badigeonné les trottoirs et la partie visible des arcades qui donnent sur la rue du front de mer, et c'était seulement à hauteur d'homme. Les autres faces des arcades ont été oubliées», signale un résidant de la rue Che Guevara dont les arcades sont nettoyées. Trois ans après, c'est le même spectacle de rues chaulées et d'immeubles repeints alors que d'autres quartiers sont oubliés, puisque se trouvant loin du regard des officiels de passage. Les habitants d'Alger-Centre assurent que les résidants ont rempli des dossiers pour l'expertise des immeubles. «En 2009, la Direction de l'aménagement et de la restructuration des quartiers d'Alger (DARQ) a fait paraître un placard invitant les habitants à se rapprocher de la circonscription de Sidi M'hamed pour l'expertise des immeubles. Depuis, rien de concret ne nous est proposé», assure un résidant qui parle de l'«amateurisme» des autorités de la wilaya. Immeubles expertisés, mais oubliés… En 2006, la wilaya a initié «une étude de diagnostic technique et sociologique» sur le parc des sept communes de l'hypercentre. Sur un total de 17 617 bâtisses répertoriées (englobant 78 446 logements), 1,47% sont classés comme menaçant ruine et près du tiers de cette catégorie a été pris en charge (86 immeubles évacués sur les 259 diagnostiqués), fait ressortir un bilan de 2010 rendu public par le wali d'Alger, lors d'un entretien accordé à un magazine. Des travaux lancés, depuis deux ans, à la rue Larbi Ben M'hidi ne sont pas encore achevés. L'absence d'entreprises spécialisées et la présence de réseaux divers bloquent l'achèvement des opérations. Des entrepreneurs s'affairent à la hâte comme ils peuvent. «Les finitions sont mal faites. Il suffit de regarder les travaux à l'intérieur d'un immeuble situé sur la place Emir : du marbre a été installé, mais les finitions sont mal faites. Les plaques, installées sur les escaliers et les murs, qui ont sûrement coûté cher à la collectivité, vont se détacher au bout de quelques mois», regrettent des résidants de cet immeuble, constitués surtout de bureaux de sociétés. Les sociétés engagées pour la réfection des réseaux d'AEP et de gaz (en partie) n'ont pas accompli leur travail convenablement. Le bitume de cette rue a été mal placé par la société engagée par la Seaal. «Asrout a été engagée pour installer un nouveau bitume. Une partie du goudron a été arrachée. Tous ces travaux à répétition ont coûté de l'argent à la collectivité», s'indigne un résidant de la rue d'Isly, agacé par les travaux.