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«Le plafond de verre, qui rend toute ascension illusoire, doit être maintenant brisé»
Nadia Bellal. Consultante en genre
Publié dans El Watan le 30 - 10 - 2011

- La disposition des quotas découle d'une démarche que l'on nomme «l'approche genre», pourriez-vous nous l'expliquer ?
L'approche genre est une approche globale, holistique du développement qui tient compte de l'ensemble des rapports dans une société et surtout entre les hommes et les femmes en vue de les transformer vers des rapports plus égalitaires. Le problème soulevé par le genre ne s'articule pas uniquement autour de la question des femmes, mais plutôt des relations inégalitaires (entre riches et pauvres, jeunes et vieux, hommes et femmes) qui empêchent un développement équitable ainsi que la pleine participation des individus en général et des femmes en particulier. Le but ultime de cette approche reste toujours l'égalité entre les sexes.
Néanmoins, elle diffère de tout ce qui a précédé en matière d'intégration des femmes dans le développement, par le fait même qu'elle compare continuellement les différences d'accès et de contrôle sur une ressource selon que l'on soit une femme ou un homme. Nous entendons par ressource tout ce qui est mis à la disposition des citoyens et citoyennes dans un pays. Ces ressources sont matérielles (logement, terre, salaire, propriété, crédit, etc.) ou encore immatérielles (éducation, droit à l'héritage, accès au politique, accès aux postes de responsabilité, etc.). L'approche genre traquera les inégalités plutôt que de se focaliser uniquement sur les femmes. Elle comparera donc la façon dont une ressource donnée est atteinte (accès) selon que l'on soit femme ou homme.
Outre l'accès, il faudra étudier aussi le contrôle sur une ressource. C'est-à-dire comment les hommes et les femmes qui détiennent une ressource décident de son utilisation. Par exemple, nous savons que les femmes et les hommes en Algérie peuvent être propriétaires et posséder des biens. Il n'y a pas d'obstacle en matière d'accès à la ressource propriété sur le plan des textes. Néanmoins, est-ce que les femmes comme les hommes peuvent user/utiliser/faire fructifier cette propriété sans en référer aux hommes de leur famille : location, vente, décision des cultures si c'est une terre ? Le contrôle réfère donc au pouvoir de décision des individus (femme ou homme). Dans tous les cas, des écarts entre les hommes et les femmes sont alors constatés et il faudra en étudier d'abord les raisons mais aussi proposer des solutions à même de les réduire. Parmi les mécanismes de comblement des écarts (ou différences) observés, les mesures d'équité sont préconisées. C'est-à-dire que des mesures visant à rétablir un équilibre entre l'accès et le contrôle des hommes et des femmes sur une ressource donnée sont proposées.
- Pensez-vous que cette initiative des quotas contribuera à un réel renforcement de la participation des femmes à la vie politique ?
Nous pouvons dire aussi qu'en Algérie, aucun texte, aucune loi n'empêche les femmes et les hommes d'exercer dans le monde politique, de se faire élire aux assemblées locales, régionales ou nationales. Néanmoins, un simple dénombrement montrera, sans doute aucun, que l'accès aux listes électorales puis aux assemblées élues est plus difficile pour les femmes que pour les hommes, dans la majorité des partis politiques. C'est là qu'intervient le mécanisme du quota qui est une mesure d'équité qui vise à réduire l'écart observé entre les hommes et les femmes dans les assemblées élues en favorisant, de manière transitoire, la présence des femmes, à compétence égale, à hauteur d'un pourcentage des sièges desdites assemblées. Il s'agira de donner leur chance aux femmes d'être davantage visibles et de permettre aux citoyens et citoyennes d'apprécier leurs capacités dans la gestion des affaires politiques du pays. La disposition du quota est une disposition d'équité qui viendra soutenir l'article 31 bis de la Constitution.
- De nombreuses voix, au sein des partis et des associations féminines, s'élèvent contre ces quotas, tout particulièrement en ce qui concerne l'échelle locale et régionale, arguant de l'introduction à tout prix de femmes qui n'auront peut-être pas les compétences escomptées. Qu'en pensez-vous ?
Je suis toujours étonnée de la façon dont on met les compétences des femmes (ou leur incompétence) en avant. Je me demande aussi pourquoi on ne tient pas ce raisonnement pour les hommes. D'abord, il y a un fait qui est reconnu et indéniable, c'est celui qui est relatif au niveau d'instruction des femmes d'aujourd'hui. Nous pouvons dire que sur le plan déjà du baccalauréat puis des études universitaires, les jeunes filles réussissent souvent mieux que les garçons. Cela veut dire que sur le plan de l'éducation, on risque d'avoir plus de femmes que d'hommes de niveau universitaire. Donc il ne doit pas être très difficile, à n'importe quel niveau électoral (local, régional ou national) de trouver des femmes qui ont des capacités universitaires de très haut niveau. J'ai moi-même rencontré, au cours de mes missions dans tout le territoire national, des femmes de très haut niveau dans les coins les plus reculés du pays.
Donc la question du niveau éducationnel des femmes ne se pose pas, du moins pour celles qui seraient potentiellement intéressées par la vie politique. Se pose par contre le problème de leur implication et de leur expérience en politique. Si on ne leur donne aucune chance pour s'exercer dans le politique, elles ne pourront jamais prouver ce dont elles sont capables. On reconnaît néanmoins l'engagement des femmes dans les associations à caractère social et on sait combien le fil est ténu entre le monde associatif et le monde politique ! Elles ont donc déjà donné des preuves dans le domaine du social et des droits des femmes. Il reste que maintenant, elles sont prêtes pour la politique. Ce plafond de verre dressé au-dessus de leurs têtes rend malheureusement toute ascension illusoire. Il doit être maintenant brisé.
J'ai entendu dire aussi par certains que les quotas étaient une atteinte à la dignité des femmes. Rien n'est plus faux ! Comment les femmes se sentiraient touchées dans leur honneur parce qu'on veut, par des mesures d'équité, réparer une injustice de plusieurs décennies et les laisser enfin participer à la gestion de leur pays ? Bien au contraire, il s'agira là de rétablir les femmes dans leurs droits de citoyenne à part entière.
On lie aussi parfois le code de la famille à l'accès des femmes en politique. Cet argument est aussi une façon de vouloir laisser les femmes hors du domaine politique. Il est bon de rappeler que c'est grâce aux voix et au combat des femmes que des améliorations au code de la famille ont été apportées par les pouvoirs publics, même si beaucoup reste encore à faire. Mais peut-être que si les femmes avaient plus de pouvoir politique, des choses pourraient changer plus vite dans ce domaine aussi.
- Avant d'introduire de telles mesures, un travail en profondeur dans la société n'est-il pas nécessaire, notamment en termes d'acceptation de la présence féminine dans la vie publique ?
La société algérienne n'est pas une société rétrograde. Loin s'en faut ! Ces images stéréotypées d'hommes et de femmes qu'il faudrait «amadouer» pour permettre la présence des femmes dans la vie publique ne tiennent pas la route. Les femmes sont déjà dans la vie publique et il n'y a aucun besoin de campagnes de sensibilisation en vue de tolérer leur présence dans les administrations, les écoles, les hôpitaux, les médias, les APC, les APW, les assemblées nationales, etc. En outre, voir plus de femmes dans les assemblées élues va permettre à tout citoyen et à toute citoyenne d'avoir une autre image des femmes responsables. Les femmes politiques actuelles sont déjà un exemple pour l'ensemble du pays et bien des hommes commencent à changer d'avis et croient maintenant en leurs capacités d'apporter un changement positif dans les affaires de la nation. En fait, il s'agit plutôt maintenant de négocier les places des femmes dans le partage du pouvoir avec ceux qui l'ont. Et c'est là que le bât blesse !


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