Quelle stratégie industrielle pour l'Algérie ? C'est à cette question qu'ont tenté de répondre hier les animateurs de la table ronde organisée par le centre de presse d'El Moudjahid. Cadres du ministère de l'Industrie, dirigeants d'entreprise, experts nationaux et représentants d'organismes étrangers se sont relayés pour présenter, chacun de son côté, leurs perception et analyse de la situation dans laquelle se trouve l'industrie algérienne. A l'opposé des années 1970, l'Algérie ne dispose pas aujourd'hui d'une véritable stratégie industrielle. C'est le constat général qui s'est dégagé des différentes interventions. Un constat amer que les cadres du ministère de l'Industrie ont imputé au changement d'époque et de situation économique. Dans les années 1970, souligne M. Meksen, directeur de la compétitivité au ministère de l'Industrie, l'élaboration d'une stratégie et d'une politique industrielle était possible dans la mesure où le marché était protégé et l'environnement économique cerné. Alors qu'aujourd'hui, les paramètres ont complètement évolué. « L'Etat, actuellement, ne fait qu'arrêter les choix », précisera-t-il. La démarche poursuite maintenant dans le secteur industriel est une démarche de « cadrage ». « C'est une approche par filières », ajoute-t-il. Le président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNC), Zaïm Ben Sassi, estime que « c'est le secteur privé qui assure aujourd'hui la relève ». Le développement de l'industrie algérienne passe, d'après lui, par la sous-traitance industrielle. « Il faudrait se réorienter vers la sous-traitance extérieure », recommande-t-il vivement. L'avenir de notre industrie est tributaire également, indique le président du CNC, de la formation. « La catégorie des cadres en industrie est en voie de disparition », avertit-il. La facilitation à l'investissement à travers le règlement du problème du foncier et l'incitation fiscale à la PME sont, par ailleurs, parmi les facteurs qui sont à même de développer l'industrie nationale. Représentant aujourd'hui à peine 7% du PIB, « l'industrie algérienne stagne au moment où on assiste à une véritable guerre économique », souligne Réda Amrani, expert consultant et ancien cadre du secteur public. Pourtant, l'Algérie n'a jamais été, indique-t-il, aussi bien financièrement pour amorcer un développement économique et industriel surtout. Le seul défi majeur à surmonter, selon lui, c'est le chômage. Pour subsister, l'industrie nationale, recommande l'expert, doit s'installer sur les marchés extérieurs, notamment au plan régional. Aussi, soutient-il, « on assiste aujourd'hui à une atmosphère de fin de règne pour le secteur public ». Le sauvetage de l'industrie nationale doit se faire, note le président-directeur général de la SNVI, Mourad Chehboub, par « la valorisation de ce qui reste de cette même industrie ». « Il y a 1400 entreprises qui appartiennent au secteur industriel public », informe-t-il. La sous-traitance est aussi pour lui un moyen efficace du développement de l'industrie. La création par le secteur de la mécanique de 300 entreprises de sous-traitance en est la parfaite illustration. L'inexistence d'une stratégie industrielle est imputée à la marginalisation des compétences nationales en matière d'expertise industrielle. Des compétences qui offrent aujourd'hui leurs services aux cabinets d'études étrangers pour des miettes.