Plusieurs camions ont sillonné les cités et les quartiers de la ville dès l'après-midi du premier jour de l'Aïd pour collecter les peaux des moutons afin de les revendre à des tanneries. Après le rituel du sacrifice de l'Aïd El Adha, ils sont de plus en plus rares les foyers qui conservent la peau de mouton ou sa laine. Nombreux sont les ménages qui préfèrent la jeter, au grand bonheur des jeunes collecteurs qui ramassent ces peaux pour les revendre ensuite entre 300 et 500 dinars la pièce. La situation est telle que les friands de viande préfèrent se gaver de côtelettes que de s'occuper de la peau de mouton qu'ils offrent au premier demandeur ou jettent tout bonnement dans la poubelle. À Oran, plusieurs camions ont sillonné les cités et les quartiers de la ville dès l'après-midi du premier jour de l'Aïd, pour collecter cette matière première, afin de la revendre à des tanneries. Celles-ci se chargent de les transformer en matières premières utilisées dans la fabrication de produits en cuir, ou exportées vers certains pays européens et asiatiques. Ces revendeurs les récupèrent carrément dans les poubelles, avant le passage des camions de ramassage des ordures. Lavées et ensuite couvertes avec des quantités considérables de gros sel pour les préserver de la pourriture, les peaux emballées dans des sacs en plastique sont ensuite cédées aux tanneries. Menacée aujourd'hui par la crise du marché local de la manufacture et l'exportation massive et incontrôlée de la matière brute, l'industrie du cuir subit des difficultés d'approvisionnement en peaux. La wilaya d'Oran compte deux tanneries qui souffrent d'un grand problème d'approvisionnassent en peaux. La majorité des collecteurs préfèrent céder leurs butins aux exportateurs, notamment des Tunisiens et des Turcs. Des prix plus attractifs et un paiement cash ont vite convaincu l'essentiel des collecteurs de miser sur ces bons payeurs. Les peaux et cuirs algériens sont les plus demandés au monde pour leur qualité de coupe et leur solidité, selon les professionnels. De ce fait, ils ont toujours fait l'objet de convoitises. Cette «bonne» réputation semble aujourd'hui porter préjudice aux tanneurs algériens en menaçant de mettre en péril leurs unités de transformation et les emplois qui y sont rattachés. Les transformateurs, estimés actuellement à une quinzaine, dont deux installés à Oran, qui ont jusque-là perdu près de 30% de leurs employés, accusent, en premier lieu, l'exportation légale et illégale des peaux à l'état brut, surtout qu'elle détruit la plus-value et l'emploi. Notons que les exportations de cuir ont atteint 199 tonnes au cours du premier semestre de l'année en cours. Ces marchandises sont principalement exportées vers la France, l'Italie, l'Inde et la Turquie.