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A défaut de gérer les risques, on subit les crises
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La gestion des risques (et a fortiori des crises) est un problème compliqué : la détection, l'évaluation, la prise de décision et la communication en sont les étapes-clés. Personne ne peut se prévaloir, à lui seul, de la solution.
La responsabilité de tout décideur dans la gestion des crises, c'est déjà d'en avoir conscience de manière précoce. Dans le cas des risques sociaux, généralement, il y a des signes précurseurs : un petit conflit social isolé, un article anodin dans la presse, des citoyens qui se plaignent dans un petit village, etc.
En Algérie, l'étape de détection des risques sociaux paraît largement dépassée. Nous sommes toujours dans une démarche réactive au lieu d'être dans une démarche d'anticipation. A défaut de gérer les risques, on continue donc à subir les crises or, en démocratie, si on arrive à gérer correctement une alerte, théoriquement on ne devrait pas arriver au stade de la crise. Au vu de ce qui se passe dans le monde, il est impératif d'intégrer les réclamations de citoyens pour pouvoir éventuellement anticiper les problèmes.
Faute d'anticipation, les décisions vont être prises dans la hâte, ce qui, en règle générale, est contre-productif. On peut s'interroger sur l'opportunité de relier la gestion des risques au mode de gouvernance qu'est la démocratie. Au vu de ce qui se passe dans les pays arabes, où les régimes au pouvoir pendant des décennies ont pris l'habitude de prendre des décisions sur tous les plans sans associer les citoyens. Cela a eu des conséquences économiques et sociales désastreuses. Si aujourd'hui on assiste à un vent de liberté sans précédent, c'est qu'il y a sûrement des raisons de lier la gestion des risques au mode de gouvernance.
En effet, d'après Chevassus-au-Louis : «Dans un pays démocratique, l'objectif d'un système de gestion des risques est de permettre aux citoyens de vivre dans une société où, d'une part, les risques qui les préoccupent sont perçus, reconnus et effectivement réduits par les décideurs à un niveau socialement accepté et, d'autre part, les risques qu'ils ne perçoivent pas font l'objet d'une vigilance efficace permettant de les détecter et d'alerter les citoyens suffisamment tôt».
La démocratie demeure donc inéluctable pour gérer les risques même si ce système de gouvernance, de nos jours, est loin d'être affranchi de tout reproche.
A la télévision algérienne, il n'est pas de coutume d'assister à des débats-citoyens sur les risques, or ces débats sont d'une importance capitale. Si on veut éviter à notre pays de fâcheuses conséquences qui peuvent être irréversibles à terme, il est judicieux, et nous avons intérêt, à promouvoir un débat démocratique sur tous les risques auxquels fait face notre société. La démarche démocratique, qui est compatible par ailleurs avec la logique et la rigueur scientifique, permet de réduire le risque à un minimum qui peut être socialement (mais peut être pas forcément économiquement) acceptable. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que les caractéristiques d'un risque — quelle que soit sa nature — sont identiques qu'il s'agisse d'un risque majeur, industriel, d'un risque produit ou d'un risque politique ou social.
Une gestion des risques capable de rassurer le citoyen et lui donner confiance sur tout ce qui est en rapport avec sa sécurité et son bien-être dépend donc fortement du mode de gouvernance du pays concerné. Cette revendication de la démocratie se traduit par la nécessité de satisfaire aux conditions suivantes :
- Avant tout, le respect des lois et autres textes réglementaires qui fixent les droits et obligations de tout un chacun, d'abord par ceux qui sont chargés de les faire respecter.
- L'existence d'un système national de management des risques comportant des représentants relevant d'autorités différentes. Ce système constituera un cadre de concertation, de réflexion et de décision qui permet aux autorités compétentes de prendre les décisions pertinentes en rapport avec le risque encouru.
- L'existence d'un organe indépendant pour assurer le travail d'expertise. Dans les pays démocratiques, on s'en remet à des agences pour évaluer le risque. Ces agences autonomes regroupent les compétences nécessaires pour l'étude et l'évaluation des risques identifiés en vue de la production d'avis pertinents et motivés à l'adresse des autorités chargées de la prise de décision.
L'évaluation du risque «risk assessment» est donc séparée de la gestion de ce risque «risk management». Cette distinction fonctionnelle de l'appréciation des risques de leur gestion est fondamentale. Il faut que l'«appréciateur» du risque puisse porter son jugement en toute indépendance, en faisant abstraction de toute préoccupation quant aux retombées des décisions qui seront prises en conséquence. L'évaluation du risque ne doit dépendre ni du pouvoir politique, ni des acteurs économiques.
- Une communication claire et cohérente afin de rassurer les citoyens, les professionnels et même les partenaires étrangers sur l'ampleur des risques, leur «criticité», les mesures de prévention à mettre en œuvre, les recommandations, les alertes, etc.
En démocratie, les journalistes, protégés par la loi, y exercent librement leur rôle d'informer, contribuant ainsi à l'épanouissement davantage de la citoyenneté et le renforcement de la démocratie. Dans les régimes autoritaires, on préfère des médias qui exercent le rôle de relais aux communiqués de presse officiels. Les TIC, en général, et les réseaux sociaux, en particulier, ont pris cette place extraordinaire dans l'espace public qu'on croyait, jusque-là, d'accès réservé sous les régimes totalitaires. Le débat scientifique et l'expertise jouent un grand rôle pendant la deuxième étape dans la gestion des crises. Nous avons vu plus haut que l'existence d'un organe indépendant est déterminante pour assurer un travail d'expertise.
En effet, même si les experts ont toujours ce travers d'être trop techniques, ils inspirent plus la confiance que les discours portés par les autorités. Ces dernières sont souvent considérées comme responsables du problème par la masse des citoyens. L'épidémie due à la bactérie Esherichia coli, qui a fait au mois de mai plus de 30 morts et touché plus de 2000 personnes en trois semaines en Europe, principalement en Allemagne, est un vrai cas d'école pour les spécialistes de sécurité des produits. L'Allemagne : un pays parmi les plus développés de la planète a mis beaucoup de temps avant d'identifier la source de l'épidémie.
Le débat est nécessaire entre les acteurs sociaux ou politiques impliqués, car l'opinion publique accorde toujours une grande importance aux crises, notamment quand on dénombre des personnes décédées. En l'absence de débat, il ne faut pas que le politique s'étonne des réfutations brutales qui se manifestent de temps à autre dans la société. L'explosion résulte de l'absence de débat. Les politiques doivent apprendre à discuter, à réfléchir et à prendre des décisions avec le citoyen. Il faut que le politique comprenne que le citoyen a le droit de savoir. Une révolution historique est en train d'être vécue dans le monde arabe. L'expérience acquise quelque part doit servir ailleurs.
La seule façon de se prémunir des conséquences ravageuses, c'est le débat citoyen sur le risque. Contrairement à ceux qui pensent que l'Algérien n'est pas encore prêt pour les débats, je suis persuadé que les positions qui sortiront des ces débats ne seront ni irrationnelles ni hystériques. Si les citoyens venaient à trouver quelqu'un qui les écouterait, cela serait salvateur, car cela suppose que l'on est capable de traiter collectivement une situation instable et qui pourrait être dangereuse. Au contraire, une inertie des autorités traduit un manque de perspicacité politique, car juger ce qui est acceptable comme niveau de risque pour la société est une responsabilité éminemment politique. On voit bien que nous aussi nous pouvons gérer les risques et les crises, il nous faut seulement un pays démocratique, mais ceci c'est déjà un autre débat.


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