Routes non aménagées, éclairage public et réseaux d'assainissement défaillants sont autant de problèmes que connaissent les habitants de cette agglomération. Ben Achour, un mégabourg de plus de 20 000 habitants, est souvent qualifié de cité oubliée. Située pourtant à 2 km seulement du centre-ville de Blida, Ben Achour manque presque de tout, et ses habitants ne vivent que de promesses : route principale et ruelles non aménagées, qui deviennent impraticables à chaque tombée de pluie, omniprésence de nids-de-poule, de fossés et de vastes points inondables, éclairage public et réseau d'assainissement défaillants, absence d'une structure de soins et d'un CEM, pollution de l'eau de robinets à la moindre précipitation, sont des problèmes parmi tant d'autres qui tardent à être solutionnés. La cité est tellement oubliée que tout est permis.Après plusieurs années d'attentes et toutes sortes de fausses promesses, les habitants de Ben Achour n'ont pas pris de gants pour exprimer, fin mai dernier, leur ras-le-bol, en recourant à la fermeture de l'axe routier reliant Blida à Ouled Yaïch pendant toute une journée. Ce mouvement de protestation a dégénéré en rixes entre protestataires et policiers n'étaient les promesses du chef de daïra de Blida sur place. «Vos problèmes sont pris en considération et on passera à l'acte à partir du 1er juin 2011», avait-il lancé aux protestataires. Aujourd'hui, cinq mois après ces manifestations, c'est toujours le statu quo. «Toutes nos tentatives pour améliorer notre cadre de vie sont vouées à l'échec. On se demande donc ce que l'on doit faire pour que les autorités prennent réellement en charge nos doléances toutes légitimes», s'interroge un groupe d'habitants de Ben Achour qui s'est présenté au bureau régional d'El Watan de Blida. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Ben Achour souffre aussi d'insécurité. La drogue y fait des ravages Cette mégabourgade abandonnée à son sort est devenue, par voie de conséquence, le fief de toutes sortes de délinquances. Ses hauteurs se sont transformées en de véritables tavernes malfamées à ciel ouvert. On y trouve de tout, et ce n'est pas un secret de polichinelle, car la consommation et la vente de boissons alcoolisées, de hachich, de psychotropes et d'autres produits narcotiques sont connus par tout le monde. «Ces vendeurs de poison sont partout. Il faut faire un tour du côté du lieudit ‘‘El Barrage'' ou encore sur le chemin qui relie la cité des Touares au lieudit ‘‘Bel Hadjouri'' et vous allez vous rendre compte de la gravité de la situation ! D'ailleurs, maintenant, ils ont des téléphones portables, et dès qu'ils voient un uniforme, ils déguerpissent vite en passant le message à leurs acolytes. Si on veut réellement leur mettre la main dessus, il ne faut surtout pas porter un uniforme», débite un habitant de Ben Achour. A partir de 21h et jusqu'aux premières lueurs du matin, tout le contrebas surplombant la cité Ben Achour et jusqu'aux broussailles qui donnent sur tout Ouled Yaïch sont investis par des jeunes, la plupart chômeurs ou repris de justice. Le silence de la nuit, dans ces lieux jouxtant le début du massif de Chréa, est souvent brisé par des cris et des rires d'alcooliques ou de consommateurs de hachich. «Au-delà de 22h, commencent les rixes, les insultes, les mots obscènes et parfois, ils caillassent même les maisons limitrophes. Nos enfants ont peur, ils se réveillent plusieurs fois en sursaut la nuit, alors qu'ils doivent se lever tôt pour rejoindre l'école», se lamente-t-on sur les lieux. Au niveau de Oued Ben Achour, d'anciens repris de justice et d'autres qui ont été graciés et libérés, d'ailleurs bien connus par leur pseudonymes, circulent en toute liberté entre les bidonvilles et dans les ruelles de Ben Achour sachant, assurent les habitants, que plusieurs actes de vols ont été enregistrés ces jours-ci. A signaler que certains vols sont commis ces derniers temps en plein jour, faisant monter d'un cran le sentiment de peur chez les habitants. Des règlements de compte sont également signalés, il s'agit d'un groupe d'inconnus qui ont incendié, pour la deuxième fois, des véhicules de particuliers stationnés dans l'oued Ben Achour. Des gendarmes se sont déplacés sur les lieux pour les besoins de l'enquête, des enquêtes qui n'aboutiront à rien, puisque la plupart des personnes arrêtées sont souvent relâchées par les instances judiciaires.