Le réalisateur Ali Mouzaoui a donné jeudi dernier le premier coup de manivelle de son nouveau film, Le menteur, dans l'établissement Le jardin secret de Tizi Ouzou. Ce sixième film de fiction de ce réalisateur prolixe contraste avec la léthargie qui continue à caractériser le marché et l'industrie du cinéma en Algérie. Et, comme en pareilles circonstances Ali Mouzaoui a planté ses décors, il traîne, comme son ombre, son alter ego Abderrahmane Bouguermouh, réalisateur émérite. Celui-ci, s'appuyant sur une canne, barbe hirsute, avançant avec l'aide de Mouzaoui, lance : «Silence, on tourne», annonçant symboliquement le lancement du Le Menteur. Bouguermouh, qui reste toujours profondément marqué par son film La colline oubliée, déclare aux invités de Mouzaoui : «Ça fait toujours plaisir de se retrouver entre les gens de la culture, et j'espère que ça va continuer longtemps, même après moi et que les jeunes prennent exemple sur Mouzaoui. Moi, j'ai arrêté le cinéma à cause de la fatigue et la maladie. Aujourd'hui, il va falloir créer une ambiance cinéma, car je vois plein de jeunes dévoués à cet art.» Cette flamme est maintenue par Ali Mouzaoui, à son corps défendant (lire l'entretien) en lançant dans le bain des comédiens novices qui interprètent des rôles simples dans une réalité société alambiquée. Un ancien capitaine de l'ALN, sa fille Lila, institutrice, le mécanicien Abderahmane (Le menteur), Madjid, l'artiste peintre, Mégot, le dealer de drogue, sont autant d'acteurs (réels et fictifs) qui donnent un cocktail détonant à une réalité… filmique. La valeur de l'effort et du travail contre le gain illégal, tel est le message de cette sixième production cinématographique de Mouzaoui, qui explique lui-même son Menteur : «Le film n'est pas une œuvre moralisatrice. Je pense qu'il puise sa crédibilité en travaillant des portraits réalistes où pourront s'identifier positivement des jeunes, et qu'ils puissent trouver une lueur d'espoir et une assurance.» D'autres détails sont donnés dans l'entretien ci-contre.