Après avoir réalisé plusieurs films et documentaires fort intéressants tels que “Mimazrane”, un conte berbère qui a connu un énorme succès et le fameux film documentaire “Mouloud Feraoun”, un portrait inédit sur l'auteur “du Fils du pauvre”, le célèbre réalisateur Ali Mouzaoui a donné, jeudi dernier, le premier coup de manivelle de son nouveau film “Le menteur”. Ce premier coup de manivelle a eu lieu dans le magnifique décor de l'établissement gastronomique Le jardin secret de Tizi Ouzou, en présence de nombreux invités du monde de la culture, de la presse et de la société civile. Il est vrai qu'Ali Mouzaoui est toujours respectueux de ses aînés et c'est pour cela qu'il a tenu à inviter à l'occasion de ce premier “coup de pioche” l'un des grands monuments du cinéma algérien et véritable précurseur du cinéma amazigh, Abderahmane Bouguermouh, ainsi que Mme Djouher Amhis, professeur de langue française, écrivain et chercheur en littérature française. Le film Le menteur est une peinture sociale, le personnage principal, Si Ahcène, vieux capitaine de l'ALN, bras armé du FLN à l'époque de la guerre d'indépendance. Il est la jonction entre deux époques. Conçu consciemment dans une vision manichéenne mais complexe, il est le dépositaire de la douleur d'un peuple puisque Si Ahcène est un invalide de guerre perché sur un fauteuil roulant et qui, depuis le décès de sa femme, vit avec sa fille Lila, une jeune institutrice qui, au hasard d'une panne de voiture sur le chemin de l'école, fait la connaissance de Abderahmane, un beau séducteur qui a menti sur son métier de mécanicien pour se faire passé pour le fils d'un grand homme d'affaires dont le père Saïd était pourtant un vieux postier retraité respectable à la tête d'une modeste famille de la région. Si Ahcène garde une mémoire vive des faits et des hommes. Il est le représentant de la résistance populaire, il puise l'espoir, il est profondément sensible et humain. Selon Ali Mouzaoui, Le menteur est un projet de film qui chante et met en exergue les valeurs essentielles du travail et de l'intégrité citoyenne. Il cerne le sens de l'utilité que doit ressentir chacun de nous. Ce long métrage revient sur la nécessité de revoir notre histoire et redorer l'héroïsme des hommes. Il est évident que sans les héros, l'idéal s'estompe. Si Ahcène est un repère attachant parce que naturellement et humainement magnifié. L'histoire parle sur l'Algérie d'aujourd'hui dont la jeunesse est menacée par la drogue, et d'autre part, la situation de la femme qui souffre par le voile islamique ainsi que la désillusion des artistes. Le tournage du film qui aura lieu en Kabylie, Oran, Tlemcen et Alger sera d'une durée de huit semaines. Son réalisateur compte projeter son film en avant-première dès le mois de janvier 2012, a encore affirmé le réalisateur Ali Mouzaoui visiblement ému par la présence de son ami et aîné Abderahmane Bouguermouh qui, malgré ses 76 ans et un état de santé des plus précaires, a tenu a effectué le déplacement à Tizi Ouzou pour donner solennellement ce premier coup de manivelle. “Je suis particulièrement heureux de retrouver de nombreux amis et cette ville accueillante de Tizi Ouzou où j'ai vécu des moments inoubliables lors de la réalisation du film La colline oubliée”, dira Abderahmane Bouguermouh qui apprendra sur place que l'association Lumière de Lille lui rendra prochainement un hommage tout particulier. Samira BOUABDELLAH