Les Algérois galèrent pour trouver du pain au troisième jour de l'Aïd. Les citoyens les plus avertis ont ciblé très tôt les quelques boulangeries où le travail a repris. D'autres ont sillonné durant toute la journée d'hier les grands boulevards, les rues et ruelles dans l'espoir de trouver une ou deux baguettes. En vain. De nombreux citoyens sont revenus bredouilles. Ils ne montrent pas leur colère. Ils ont coutume de faire face à ce genre de situation. Ils se demandent tout de même où se situe le rôle des pouvoirs publics. Ces derniers demeurent quasiment absents, les citoyens sont livrés à eux-mêmes. Ils laissent également ces boulangers agir à leur guise. «Nos travailleurs viennent d'ailleurs, nous ne pouvons pas les empêcher de passer l'Aïd chez eux», justifie un patron. Mais ce dernier pense-t-il à instaurer une permanence pour les jours de l'Aïd ? Absolument pas. La permanence est-elle obligatoire pour certains secteurs et pas pour d'autres ? La préparation du pain est plus qu'une simple activité commerciale. Elle relève du service public. Tous les boulangers le savent. Mais il y en a peu qui l'assurent durant et après les jours de l'Aïd. La réalité telle qu'elle a été vécue hier par les Algérois donne l'impression que la fabrication du pain ne relève pas du service public. Pis encore, on dirait qu'il n'y a aucune loi qui oblige les professionnels du secteur à l'assurer. En réalité, «la loi existe, c'est son application qui fait défaut», déplore un citoyen. D'ailleurs, le ministre du Commerce somme les boulangers à assurer cette permanence. Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Priver l'Algérien de pain est-ce concevable ? De l'avis des spécialistes, le rapport de l'Algérien à la baguette de pain est beaucoup plus affectif que gastronomique. En fermant leurs commerces, les boulangers d'Alger viennent d'infliger au peuple, qui consomme le plus de pain, une sanction d'ordre affectif. Par ailleurs, la pénurie de pain a été à l'origine de la fermeture de nombreux fast-foods au troisième jour de l'Aïd, ceux qui ont pu se procurer du pain étaient hier comme des ruches d'abeilles. Les fonctionnaires et les visiteurs d'Alger n'ont pas trouvé où manger un morceau. Vu la longue attente, certains sont repartis sans se restaurer.