Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a interpellé la communauté internationale pour intervenir davantage dans la lutte antiacridienne, dans son allocution d'ouverture, hier, de la réunion ministérielle des pays touchés par ce fléau. Le Premier ministre a lancé un véritable « message de détresse au reste de la communauté internationale pour apporter son assistance dès à présent ». Le ministre a qualifié l'invasion du criquet pèlerin dans les pays de l'Afrique du Nord et le Sahel de « grave catastrophe naturelle » avant d'ajouter : « L'invasion acridienne à laquelle nous sommes confrontés est une invasion majeure, source de très grave danger pour les économies de tous les pays touchés. » Ahmed Ouyahia a mis en garde les donateurs et les bailleurs de fonds contre les conséquences de ce fléau. La communauté internationale « ne doit pas attendre que le désastre soit consommé pour assister tardivement des populations entières dont la survie serait déjà en péril », a-t-il averti en guise de conclusion. L'appel du chef de l'Exécutif algérien a été relayé par celui du directeur exécutif chargé de la lutte antiacridienne au niveau de l'Organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. Benhalima Touhami, qui a abondé dans le même sens en indiquant que l'apport financier et l'assistance technique des organisations internationales et des pays donateurs est indispensable, car les pays de la sous-région du Maghreb et du Sahel ne disposent pas de moyens suffisants pour exterminer les effectifs de criquets. La FAO avait essayé de rassembler dans un premier temps 17 millions de dollars auprès de bailleurs de fonds, et elle n'a pu en collecter que 9 millions, a-t-il indiqué, alors que les besoins financiers sur le terrain sont estimés à 80 millions de dollars. Un autre représentant de la FAO, M.Tchikaya, a rapporté que depuis le début de l'invasion en automne 2003 à ce jour, plus de 6 millions d'hectares ont été traités à ce jour dans l'ensemble des pays concernés par l'invasion acridienne. La FAO a déboursé 2,5 millions de dollars dans ce cadre. Elle comptait sur la contribution de la communauté internationale pour prendre en charge la lutte antiacridienne. Mais force est de constater que celle-ci est restée indifférente à ce problème majeur auquel fait face une bonne partie du continent africain, selon le représentant de l'organisation onusienne. Il a de ce fait réitéré l'appel lancé par les responsables algériens à l'adresse du reste du monde. Les participants à la réunion d'hier qui s'est tenue à la résidence El Mithak, à Alger, espèrent ainsi avoir un écho international devant une situation qui n'est pas totalement maîtrisée faute de moyens. Elle compte établir une stratégie de lutte commune qui passe par la prévention dans les pays du Sahel pour amortir le danger imminent qui se profile l'automne prochain avec le retour des effectifs de l'insecte prédateurs vers l'Afrique du Nord. Selon Kacemi Belkacem, haut commissaire dans le développement de la steppe, le plan Orsec en Algérie a été déclenché le mois de juin dernier. Interrogé sur le retard enregistré pour le déclenchement de ce plan d'urgence, notre interlocuteur nous a confié que la menace a été sous-estimée au début de l'invasion. Si aucune incidence notable n'a été signalée, les services agricoles redoutent un impact de l'utilisation intensive des pesticides. « Notre objectif dans le secteur agricole est d'arriver à une production bio destinée à l'exportation. Hors avec l'utilisation massive des pesticides, nos produits risquent de ne pas répondre aux normes internationales », dira M. Kacemi à ce propos.