Neuf pays appellent à l'aide «urgente» de la communauté internationale. «S'ils (les criquets) ne sont pas suffisamment éradiqués dans le Sahel, ils seront de retour dans quelques mois dans la région nord-africaine.» L'avertissement du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, lors de l'ouverture, hier à Alger, des travaux de la rencontre des ministres de l'Agriculture des neuf pays concernés par la lutte antiacridienne, est sans appel. Le retour des millions de criquets vers les pays maghrébins est attendu, selon les prévisions des experts, pour l'automne prochain. Période de grandes pluies et d'humidité propre à l'accouplement et à la reproduction acridienne. Sur le pied de guerre, les gouvernements des neuf pays du Maghreb et du Sahel forment désormais un bloc uni pour contrecarrer les invasions de plus en plus dangereuses des criquets, car les chiffres donnés, hier, donnent, à vrai dire, froid dans le dos: plus de 6,5 millions d'hectares ont été jusqu'ici infestés. Les mots d'ordre tournent autour de l'appel urgent qu'ont lancé neuf ministres de l'Agriculture aux pourvoyeurs de fonds, locaux ou internationaux. Il a été question également de conjuguer l'ensemble des efforts de lutte et de prévention dans le cadre d'une stratégie commune à travers laquelle les pays expérimentés dans la lutte contre ce fléau mettent à la disposition des autres pays, les moins lotis, les moyens techniques et humains adéquats. Sur le plan institutionnel, l'organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), partie prenante dans cette action, a appelé, pour sa part, les pays riches du G8 à intervenir de façon plus impliquée et à apporter des aides financières et matérielles au profit des intéressés. Le représentant régional de la FAO a assuré, dans son intervention, la détermination de l'institution onusienne d'exploiter toutes les voies et les moyens à même de réduire, au maximum, ce fléau aux conséquences très souvent désastreuses pour les économies des pays atteints. C'est dans cette optique, justement, que le ministre algérien de l'Agriculture, Saïd Barkat, a abondé. Intervenant au préalable de la réunion, M.Barkat, en Africain bon teint, a fait valoir l'importance de mettre sur pied une coalition africaine et régionale de lutte et de prévention, sans exclure pour autant le recours à l'aide internationale. Bien au contraire, celle-ci, avec la gravité prise par ce fléau, constitue, pour les uns et les autres, une des solutions avec laquelle il faudra désormais compter, selon le ministre. Et d'appeler ensuite les institutions internationales pour plus d'implication, notamment la FAO, dans le cadre du programme Empres, un plan d'actions qui a pour vocation de coordonner les efforts de lutte des pays concernés. Tour à tour, les ministres de l'Agriculture, qu'ils soient de la Tunisie, du Niger ou du Sénégal, ont, chacun, présenté la situation acridienne de leurs pays respectifs. De là s'est avérée une «flagrante» vulnérabilité de certains pays comme la Mauritanie, en proie à une invasion généralisée et le Sénégal où le président Wade a fait appel à l'armée. L'Algérie, quant à elle, en poursuivant une lutte implacable contre ce fléau, semble sur le point de se débarrasser, quoique provisoirement, de la présence acridienne. Selon les chiffres communiqués, seuls 1000 ha restent à traiter. Les services du ministère ont, à ce jour, «désinfecté» une superficie de près de 3 millions d'hectares.