L'élection présidentielle portugaise se déroule aujourd'hui. Ils sont environ 6 millions d'électeurs - la diaspora inclue - à se rendre aux urnes pour élire le quatrième président du Portugal post-révolution des œillets d'avril 1974. Ils auront à choisir parmi six candidats qui briguent un mandat présidentiel de 5 ans. Contrairement à la gauche qui présente cinq candidats, la droite, elle, s'unit autour du sien, l'ancien Premier ministre Cavaco Silva, que tous les sondages portent avec certitude comme favori dont celui du sérieux quotidien Publico du vendredi dès le premier tour avec 52% des voix. Deux autres résultats sont attendus avec attention, celui de Mario Soares et de Manuel Alegre, l'un est candidat officiel, l'autre est candidat rebelle du Parti socialiste. Si le sondage se confirme, l'ancien exilé de Batna devance son ami de 30 ans avec 20% des intentions de vote et mettra la direction du PS dans une situation embarrassante, qui obligerait José Socrates, l'actuel chef du gouvernement et secrétaire général du Parti socialiste, de convoquer un congrès extraordinaire anticipé. En lui préférant un octogénaire qui fut président durant une décennie, Manuel Alegre s'est senti réduit, dévalorisé, touché dans son amour propre, il décida alors de se présenter comme candidat antisystème soutenu par un mouvement citoyen qui méprise la République monarchique des Soares, qui à défaut de léguer un pouvoir Public à son fils Joao, Mario veut rester président de la République à vie. Entouré d'une équipe bénévole jeune et compétente qui incarne le nouveau Portugal, Alegre est le seul candidat non partisan, il développe un discours positif vis-à-vis des prérogatives du président de la République dans un système politique semi-présidentiel. Un programme bien ficelé avec des propositions pragmatiques, comme un pacte du régime sur l'Etat social devant les avalanches du néolibéralisme, la revalorisation du concept de la patrie dans un pays frappé par une érosion de valeurs et la disparition des convictions idéologiques et politiques. Mario Soares de son côté semble avoir fait son temps, sa candidature est considérée par un spécialiste du PS comme « un acte de désespoir du parti, une chose pathétique et un caprice personnel de Mario Soares ». Son incapacité de devancer son ami de 30 ans est un présage d'une triste fin, d'une vocation politique, d'une longue et riche carrière. Les autres candidats qui représentent la gauche rouge ne sont pas préoccupés par des résultats vainqueurs, leur commun objectif est de réaliser 6% des voix, un résultat qui leur permettra non seulement d'amortir les dépenses de la compagne électorale, mais de réaliser du bénéfice. La loi électorale portugaise stipule que tout candidat qui réalise un score égal ou supérieur à 6% des voies se verra octroyer par l'Etat la coquette somme de 3 millions d'euros. La campagne la plus chère est celle de cavaco Silva estimée à 2,9 millions d'euros, suivie de près par celle de Mario Soares avec 2,7 dont 1,9 million d'euros est assurée par le PS. Celle de Manuel Alegre est d'environ 1 million d'euros sous forme de dons, alors que celles du communiste Jeronimo de Sousa et du Trotskyste Francisco Louça sont de 500 000 euros, en revanche celle du Maoiste Garcia Perreira, El Watan n'a pu obtenir cette information, le candidat était indisponible. Paradoxalement, le candidat de droite Anibal Cavaco Silva est le plus compatible avec le chef du gouvernement socialiste José Socrates, selon des spécialistes en études des profils, ils ont de semblables structures mentales et références culturelles. Ils sont deux personnages technocrates de rigueur. Socrates trouvera plus de compréhension chez Cavaco sur sa politique de rigueur qu'il mène pour la réduction du déficit budgétaire imposé par Bruxelles. Mais certaines divergences doivent apparaître comme celle sur le projet de construction du nouvel aéroport de Ota, à 50 km au nord de Lisbonne, qui n'est pas une urgence, mais les socialistes le considèrent comme un projet emblématique durant leur première majorité absolue. En donnant, il y a presque une année une majorité parlementaire absolue au parti socialiste, et en élisant un président de droite (confirmant les sondages d'opinion) les Portugais semblent maintenir leur goût de l'équilibre des pouvoirs publics.Par ailleurs, Jorge Sampaio, le futur ex-président, a lancé un appel aux électeurs pour une participation massive, il avait notamment déclaré « que cette élection doit être marquée par un large consensus national, sur les prérogatives du chef de l'Etat, qui doit être un facteur de stabilité des institutions républicaines ».