Les responsables s'empressent toujours d'annoncer officiellement des investisseurs, avant même l'aboutissement des négociations. Après les Egyptiens, les Indiens, les Italiens, les Japonais et les Emiratis, c'est au tour des Qataris de faire part de leurs intentions d'investir dans la désormais célèbre zone de Bellara, un vaste terrain en jachère de 523 ha. La nouvelle annoncée par le ministre de l'Industrie et de la Petite et Moyenne entreprise, et largement reprise par les médias nationaux, n'a pas laissé indifférent le commun des Jijelis. Et pour cause, le projet de Bellara a nourri, pendant quatre décennies, d'immenses espoirs pour la région avant de tomber dans les projets chimériques, tour à tour annoncés par différents ministres. Erigée en zone industrielle d'intérêt régional en 2004, Bellara est toujours dans l'attente d'un sérieux prétendant. En 2007, l'on retient la venue sur ce site, de Ahmed El Ezz, l'homme fort du parti national démocratique de Hosni Moubarak, aujourd'hui incarcéré avec ce dernier en Egypte, qui y avait annoncé l'investissement de 750 millions de dollars pour la réalisation d'un complexe sidérurgique. Quelques années plus tard, le pharaon de l'industrie égyptienne, comme l'avait si bien qualifié à l'époque un titre de la presse national, a emporté avec lui le projet dans la cellule où il croupit. Pour l'anecdote, selon l'aveu d'un responsable local, les autorités de la wilaya s'étaient même retrouvées, lors de cette visite, dans une situation des plus embarrassantes lorsque l'homme d'affaires leur eut exigé, pour son déplacement à Bellara, des Mercedes de luxe ?!L'Indien ArcelorMittal, le géant mondial de l'acier, a fait de même, promettant d'investir dans le domaine sidérurgique, avant de s'éclipser en se disant non intéressé par le projet. Dans le sillage de ces projets ratés, évoquons la visite sur les lieux, en 2008, d'une délégation de représentants d'un groupe mondial de l'aluminium qui a projeté de monter, en partenariat avec Issaâd Rebrab, un complexe. Plusieurs offres émanant des groupes à capitaux du Golfe ou connus à l'échelle mondiale et européenne, ont été faites sans jamais voir le jour pour des raisons qui demeurent inconnues. Bellara est-elle une zone à risque parce que située en aval du barrage de Beni Haroun, comme le laissent entendre certains ? La région est-elle victime d'un blocage qui ne dit pas son nom, comme le supputent d'autres ? Ou est-ce tout simplement le contexte économique et politique du pays qui n'encourage pas l'investissement étranger? Beaucoup d'interrogations sont soulevées dans cette wilaya restée suspendue aux nouvelles des va-et-vient des délégations étrangères à ce site. Après la toute dernière annonce de Benmeradi sur les négociations en cours avec Renault pour la réalisation d'une usine de montage de voitures sur ce site, tout juste après avoir fait part de l'intérêt des Qataris pour ce dernier, le signe indien sera-t-il vaincu par ces deux groupes pour «chasser la malédiction» qui poursuit cette zone ? L'émergence d'un projet d'envergure sur le site sera des plus bénéfiques pour le développement de cette wilaya aux potentialités énormes avec, notamment, un port, l'un des plus grands à l'échelle continental, un aéroport et un réseau ferroviaire, en plus de l'axe autoroutier envisagé pour relier Jijel à l'autoroute Est-Ouest.