Dans les hôpitaux publics français coexistent deux types de praticiens. Ils ont en commun d'exercer les mêmes activités, mais ils sont différenciés par leur statut. Les uns sont reconnus, les autres pas. Cette particularité bien française est aujourd'hui vécue comme une situation intolérable par les médecins à diplôme de base étranger hors communauté européenne. Ils sont près de 7000, dont plus de 1500 travaillent de manière autonome en tant que seniors. Sur ce sujet, la France a été désavouée par la Cour européenne des droits de l'homme. Les médecins à diplôme étranger hors UE, qui se sont spécialisés en France et ont acquis de l'expérience, considèrent que leur reconnaissance sur une base scolaire est discriminatoire. Au nombre de 1500, ils revendiquent un règlement d'urgence sur la base de la reconnaissance de leurs diplômes et de leur expérience. Le diplôme de spécialité est ramené à la nationalité du diplôme d'origine (c'est le numerus clausus). Et le ministère de tutelle leur demande de se soumettre à un nouveau concours, la nouvelle procédure d'autorisation (NPA). La NPA, adoptée dans le cadre de « l'immigration choisie » , est ouverte à tous les médecins venant de l'étranger. « Des médecins étrangers sont aujourd'hui recrutés à 1200 euros et dans cinq ans, on leur dira : rentrez chez vous », dénonce Christophe Prudhomme, délégué syndical, médecin à l'hôpital Avicenne. Sonnette d'alarme Les médecins à diplôme étranger hors UE tirent la sonnette d'alarme et, dans l'attente de la décision qui sera prise le 30 janvier par le ministère de la Santé, ils multiplient les rencontres avec les médias et alertent l'opinion publique. La déception est redoutée, l'impatience est grande, affirment-ils . « Des services sont fermés au motif de manque de médecins alors que des médecins sont disponibles », souligne le délégué de la CGT. « Nous ne souhaitons pas de différence de statut entre médecins de même compétence, de même formation. Les problèmes sont à l'intérieur de la profession, ceux qui sont à l'intérieur de l'hôpital s'en complaisent et en profitent. Le Conseil de l'ordre des médecins est la seule organisation professionnelle qui a maintenu un statut dérogatoire pour la reconnaissance des diplômes », ajoute-t-il « Nous sommes le pays où l'on sélectionne le plus les médecins : 55 examens », affirme pour sa part Patrick Pelloux, responsable de l'Association des médecins urgentistes de France, qui soutient les revendications de ses collègues à diplôme hors UE. « Je réfute les arguments qui par devant vous disent que vous êtes formidables et, par derrière refusent de vous intégrer », leur dit-il. Et il ajoute : « Le chantage à l'emploi est inadmissible. On ne peut pas à la fois déplorer un manque de médecins dans les hôpitaux et refuser de reconnaître ceux qui sont là depuis des années et qui ont fait la preuve de leurs compétences. » Un des obstacles, si ce n'est le principal , de la reconnaissance des diplômes et l'expérience acquise en France par les médecins étrangers hors UE se heurtent à la toute puissance du Conseil de l'ordre des médecins. La médecine est aussi l'un des rares secteurs où la validation des acquis d'expérience n'est pas réalisable. 18,6% de médecins à diplôme algérien 18,6% des médecins ayant un diplôme étranger hors UE sont d'origine algérienne. Ce sont les plus nombreux. Marocains et Tunisiens regroupés représentent 14,7% des médecins concernés.