C'est par vagues successives que les praticiens de santé publique quittent leur poste de travail pour d'autres cieux plus cléments. Ce constat est inexorablement corroboré par le départ massif de plus de 230 médecins qui ont préféré exercer leur talent ailleurs. L'hémorragie dans le secteur est perceptible au niveau de plusieurs centres sanitaires de proximité dans la wilaya d'Oran. Ainsi et en l'espace de deux ans, plus de 230 praticiens ont posé leur démission. “Si 80% des médecins démissionnaires ont choisi de s'expatrier, il n'en reste pas moins qu'une petite minorité seulement a opté, quant à elle, pour les cliniques privées qui offrent des conditions de travail alléchantes”, affirme un médecin du CHUO. Selon notre source, le taux national de départ des médecins est estimé à 10% sur un pourcentage local de l'ordre de 5% des structures sanitaires totalisant quelque 7 000 médecins. Sur ce nombre, 3 000 médecins, exilés depuis plus de dix ans, exercent à l'étranger dans l'illégalité. Un départ motivé le plus souvent par des raisons d'épanouissement et des rémunérations conséquentes. La destination de ces médecins reste bien sûr la France, mais aussi les pays scandinaves (Danemark et Suède), certains pays de l'Europe, les Etats-Unis d'Amérique et, tout récemment, le Canada, assure notre interlocuteur. Pour des raisons historiques évidentes, les employeurs préfèrent recruter des médecins algériens grâce à leur maîtrise de la langue française. Dans ce contexte, nous apprenons que 60% des médecins étrangers sont d'origine algérienne. Les médecins spécialistes sont notamment recherchés par les employeurs étrangers. D'abord sur le plan de la qualité, ils n'ont rien à envier à leurs collègues européens. Ensuite, ils acceptent volontiers de pratiquer leur métier dans des régions reculées. Mais si ce départ est bien perçu par les médecins ayant opté pour l'exil, il n'en demeure pas moins qu'il se fait lourdement ressentir. Au niveau de la chirurgie cardiaque du CHUO, plus de quatorze spécialistes ont plié bagage. “Les spécialités en anesthésie, urologie, pneumonie, cardiologie et endocrinologie constituent le point d'orgue de débauche des médecins algériens vers la France”, affirme pour sa part un syndicaliste. Il estime qu'il est plus aisé pour un médecin algérien de passer l'examen d'équivalence. Cette condition habilite désormais le médecin algérien à prétendre à un poste de praticien hospitalier. En 2009, les autorités françaises ont officiellement autorisé 500 000 médecins étrangers à activer normalement au sein des hôpitaux publics.