Quand on construit chez nous, on commence par détruire à côté ou tout autour, sans se soucier du voisinage. Trente-six familles vivant dans la cité précaire «Chantata» de Annaba sont en colère contre les autorités locales. Le désolant environnement dans lequel vivent ces familles a été clochardisé davantage par l'installation d'un chantier de construction de logements où les déblais et l'émergence des eaux souterraines ont isolé ce vieux quartier déjà lugubre par son aspect précaire. Dans une lettre adressée à notre rédaction, les habitants de Chantata comptent passer à l'acte pour se faire entendre des autorités locales. «La première action consiste au blocage de l'accès aux engins de cette entreprise en charge du projet de réalisation de logements. Si les déblais de terre, les flaques d'eau croupissantes et l'accès à nos demeures ne sont pas dégagés, nous allons radicaliser notre mouvement allant jusqu'à chasser l'entreprise de notre cité», menacent les contestataires. En effet, le long passage donnant accès à ce qu'on s'efforce de qualifier de «maisons» est carrément impraticable du fait de gigantesques amas de terre et de profondes mares d'eau. «Nos enfants ne vont pratiquement plus à l'école même par temps ensoleillé. Et s'ils partent, ils doivent chausser de longues bottes pour traverser les surfaces inondées. Aussi, les vieux sujets sont contraints à la sédentarité car ils n'ont pas la force et, encore moins, l'équilibre pour emprunter ce passage plein d'embûches. Pis encore, en cas d'évacuation de malade, il ne faut pas espérer trouver un moyen de transport pouvant joindre nos masures. Cela n'est qu'un exemple des souffrances que nous endurons quotidiennement», déplorent les mêmes familles sinistrées. Du côté des autorités locales, aucune administration n'a daigné assister ces familles en danger permanent. C'est le cas du secteur urbain de Bouzered Hocine dont les responsables on été informé par les victimes de cette situation, en vain. La police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement ( PUPE) a étrangement brillé par son absence, alors qu'elle ne rate pas l'occasion de verbaliser des citoyens pour de légers dépassements. Quant à l'entreprise en charge de ce chantier, dont les travaux ont généré plusieurs affaissements touchant, outre la voie publique de Bouzred Hocine, une école primaire et le voisinage, elle ne semble pas s'inquiéter outre mesure du sort de ces citoyens, d'où la réaction de ces derniers qui promettent des actions plus efficaces.