Des retraités du secteur de l'éducation ont tenu un rassemblement, hier, au niveau de la Maison du peuple, à Alger, pour dénoncer les avis d'expulsion des logements de fonction qu'ils occupent depuis des décennies. Une dizaine de protestataires voulaient organiser une marche vers le ministère de l'Education nationale ; l'idée a été rejetée par le bureau du Syndicat national des retraités de l'éducation, préférant accorder «un peu plus de temps» à la tutelle dans l'espoir de voir leurs doléances trouver écho. Dans le bureau exigu qui constitue le lieu de rencontre des anciens employés du secteur de l'éducation, un cri de détresse est lancé. Les retraités, qui occupaient, il y a quelques années, des postes d'enseignant, de directeur d'établissement ou encore d'inspecteur de l'éducation, disent aujourd'hui faire les frais «de la politique d'exclusion prônée par certains responsables du secteur. Nous sommes jetés à la rue, tout fragiles et vulnérables que nous sommes. A 70 ans, je suis en train de courir dans tous les sens pour trouver une solution après avoir reçu cette décision de justice me sommant de libérer le logement que j'occupe dans moins de 15 jours», se plaint un ancien responsable d'un établissement scolaire qui a 42 ans de service. «L'autre fois, deux policiers sont venus appliquer cette décision dont fait l'objet un ancien collègue. L'absence du chef de famille a retardé cette application qui risque de se faire à n'importe quel autre moment», a-t-il ajouté. Ghaleb Ghouri, secrétaire général dudit syndicat, explique que près de 5000 retraités sont confrontés à cette situation, dont 1200 au niveau d'Alger. «La centralisation de la gestion des quotas de logements attribués au secteur de l'éducation, dont 10% sont destinés aux retraités, a eu pour effet d'anéantir toute chance d'accès au logement», atteste-t-il. Avec des retraites médiocres atteignant dans le meilleur des cas 20 000 DA après les dernières augmentations, ces anciens fonctionnaires ne peuvent même pas s'assurer une location ou autre refuge. Habitant des logements de fonction par décision administrative, ces travailleurs aujourd'hui retraités avaient été rassurés que le jour où ils quitteraient ces logis, ils bénéficieraient d'une habitation décente. «Nous étions exclus des formules AADL, du social ou toute autre formule», soutient le représentant des retraités. «Nous réclamons une solution et dénonçons le traitement qui nous est réservé par le département de Benbouzid, qui nous refuse même le droit de nous plaindre.» Pour le syndicat, la solution réside dans la cession des logements de fonction qui n'ont plus ce statut au profit des retraités qui n'ont pas d'autres bien immobilier. Cette solution est valable pour les logements qui ne sont pas situés à l'intérieur des écoles.