Il y a eu un sit-in. Une grève de la faim. Les vigiles de la société de gardiennage de la cimenterie de Sour El Ghozlane ne veulent pas céder. Avec la direction, le bras de fer n'est pas terminé. «Nos responsables nous traitent comme des esclaves. Le salaire des vigiles ne dépasse pas les 17 000 DA. Nous n'avons pas le droit à des indemnités, alors que parfois nous assurons la garde seize heures par jour.» Après un sit-in au début du mois de novembre et une grève de la faim, les vigiles recrutés par la Société de gardiennage SGS-CO, assurant la sécurité de la cimenterie de Sour El Ghozlane, au sud de Bouira, ont repris le travail, de peur des représailles. Ils sont issus de plusieurs wilayas du pays : Khenchela, Souk Ahras, Chlef… Parmi eux, certains affirment qu'ils ont été recrutés sans contrat et sans couverture sociale. Documents à la main, Bessalah Abdelwahab, vigile dans la même société, raconte que de nombreux agents de sécurité auraient subi des pressions de la part de leur direction qui «réplique par des sanctions, à chaque fois qu'un agent réclame ses droits». Hogra Ils se disent privés de leurs droits, et même de leurs salaires qui n'auraient pas été versés depuis le mois d'août dernier. Ils réclament le versement de leurs revenus ainsi que des indemnités, en plus de meilleures conditions de travail. Rencontrés à la cimenterie de Sour El Ghozlane, plusieurs vigiles avouent qu'ils achètent eux-mêmes leurs tenues de travail. «Notre direction n'a pas daigné nous “renouveler'' cette tenue qui nous a été remise en 2008», témoigne l'un d'entre eux. «C'est de la hogra…», crient-ils. Ahmed, un vigile issu de la wilaya de Souk Ahras, père de douze enfants, lance : «Cela fait exactement seize ans que je travaille comme agent de sécurité sur ce site. Et à ma grande surprise, quand j'ai demandé un certificat de travail, la direction m'a notifié que j'avais une année d'exercice…» Sanctionnées Pour ces vigiles, «le calvaire» ne s'arrête pas là. Ils dénoncent également les sanctions infligées par leurs responsables à l'encontre de plusieurs d'entre eux. «C'est parce que nous avons signalé des dépassements au wali de Bouira sur des affaires de corruption à la cimenterie», plaide un employé. Des vigiles auraient été sanctionnés pour ne pas avoir appliqué les instructions émanant des services de sécurité de la wilaya et même d'une instruction du wali de Bouira, qui stipule de ne pas laisser les travailleurs étrangers sortir seuls de l'usine, témoignent-ils. Ils réclament également le versement des primes d'intéressement et autres primes du comité de participation qui n'auraient pas été versées depuis 2006. «Où est passé donc l'argent (les primes de bénéfice) destiné aux travailleurs de cette société ?», s'interrogent-ils. Le montant de ces indemnités avoisinerait les 8 milliards de centimes. Contactée (voir interview ci-dessous), la direction assure que les salaires ont bien été payés. Mercredi, soit une semaine après cet entretien, sur le site, les représentants des employés maintenaient que les revenus de septembre et d'octobre n'avaient toujours pas été versés.