Le Monde arabe est en train de basculer dans l'islamisme. Les partis se réclamant de cette mouvance ont le vent poupe. En Tunisie, Ennahda dirige le gouvernement. Idem pour le Maroc où le PJD, proche du palais royal, est en passe de remporter les élections législatives, à moins d'un coup de théâtre de dernière minute. En Egypte, les Frères musulmans, qui ont pris le train en marche pour faire chuter Hosni Moubarak, sont pressés de l'organisation d'élections pour une Assemblée constituante pour barrer la route à une révolution démocratique en cours qui les balaiera eux et leur projet de société rétrograde. Que ce soit au Yémen, en Syrie ou en Libye, les islamistes croient que, là aussi, leur chance de s'emparer du pouvoir est venue. La montée en puissance des islamistes n'est pas le fait du hasard. Tous les régimes arabes sans exception ont empêché l'émergence des forces démocratiques qui, c'est vrai, les auraient balayés. Ils ont préféré faire alliance avec les milieux conservateurs qui, eux, sont prêts à toutes les compromissions, pourvu qu'ils fassent des affaires et n'en ont cure de la démocratie et des droits de l'homme. Même si, parfois, ces islamistes se retournent contre leur créateur comme on l'a vu en Egypte où ils n'ont pas hésité à assassiner Anouar Sadate, pourtant un des leurs. Tous les pouvoirs arabes ont estimé qu'en s'alliant avec les milieux rétrogrades contre les forces du progrès, ils se pérenniseront. De ce fait, ils en ont fait des alliés objectifs. Ajouter à cela les monarchies moyenâgeuses du Golfe qui voient dans les démocrates des ennemis pour leur survie. Ils ont mis de gros moyens pour empêcher ces derniers d'arriver au pouvoir et pour que l'islamisme s'implante solidement dans le Monde arabe. Ils n'ont pas hésité, pour arriver à leurs fins, à financer le terrorisme islamiste comme l'ont fait les Saoudiens, les Emiratis, les Koweïtiens et d'autres encore en Algérie. Ces mêmes monarchies ont pris aujourd'hui le contrôle de la Ligue arabe qu'ils ont décidé de transformer en un instrument d'une politique contre la modernité et les libertés des peuples. Cela ne veut pas dire pour autant que ces derniers sont sensibles aux sirènes islamistes. Echaudés par les fraudes électorales, ils refusent de se rendre aux urnes, laissant la place belle à une minorité, d'autant que les démocrates, laminés par les Mugabe arabes, ne sont plus une force de mobilisation. D'où la grande peur des régimes impopulaires qui considèrent les révolutions arabes comme un danger à circonscrire rapidement.