Objet d'un accord intergouvernemental signé en 2007 entre l'Algérie et l'Italie, le gazoduc Galsi (Gazoduc Algérie Sardaigne Italie), qui était programmé pour entrer en service en 2012, est aujourd'hui en plein dans le flou. En mars dernier, le ministre de l'Energie et des Mines, Youssef Yousfi, déclarait à l'APS : «Nous sommes en train de discuter avec nos partenaires. Il n'y a pas de remise en cause du projet». Le PDG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa a, quant à lui, fait savoir le 16 novembre que «le Galsi sortira quand il sera économiquement viable». Le lendemain, le PDG de Sonatrach affirmait à la veille de son limogeage, que «la décision d'investissement pour le planning de réalisation» serait posée «dans les semaines à venir». Du côté des experts au niveau national et étranger, les perceptions sont bien divergentes sur cette question. L'expert algérien en énergie Mourad Preure soutient que «le Galsi trouvera du gaz pour être rempli, car nos gisements ont un réel potentiel, y compris et surtout Hassi R'mel». Francis Perrin, spécialiste français des questions énergétique, «n'exclut» pas, quant à lui, que le projet soit «remis en cause» ou même «abandonné». Son argument : «Au vu de la crise économique et financière, la situation n'est pas très brillante en Europe et dans le contexte actuel où elle cherche à réduire sa dette, ce n'est pas incitatif pour le lancement de plusieurs projets en même temps, or il y a le Nabucco, le Galsi, le Southstream», en vue. Le risque est qu'«il n'y aura pas suffisamment de place pour tous ces projets en termes de demande et de financement, celui qui frappera en premier aura donc l'avantage». Pour M. Preure, en revanche «le marché pour le gaz que transportera le Galsi est là autant en Italie, avec les incertitudes qui frapperont à moyen terme la production libyenne, voire égyptienne, que pour la Corse soumise à l'impératif de remplacer ses centrales au fuel obsolètes et polluantes par des centrales à gaz». Certes, l'Algérie a vu ses exportations de gaz diminuer en 2010, mais cela a «coïncidé avec la bulle gazière», souligne-t-il. Mais, «à présent que la demande repart franchement (7.5% en Europe en 2010) il est intéressant de relancer nos exportations». Le problème est que le Galsi a déjà été retardé à plusieurs reprises, notamment avec la crise financière et économique de 2008 qui a mis à l'arrêt de nombreux projets à travers le monde. Or, toute l'inquiétude réside là : «Si on attend beaucoup et qu'on reporte plusieurs fois, il y aura un problème, car si Gazprom et ENI décident de lancer le Southstream, alors quelle place restera-t-il pour les autres», se demande M. Perrin qui voit «un vrai doute sur le Galsi». D'où la nécessité, dit-il, «pour les promoteurs de ce projet d'accélérer le tempo pour ne pas se faire couper l'herbe sous le pied». Pour l'expert algérien, c'est tout «le développement gazier qu'il faut relancer en urgence», car il «a été perturbé par tous les aléas institutionnels qui ont entouré ce secteur et la gestion hasardeuse qui l'a caractérisé près d'une décennie durant. Quant au Galsi, les déclarations des responsables algériens ne paraissent pas rassurer sur une sortie du tunnel dans les délais impartis, même si M. Preure ne pense pas qu'il y aura «un retard réellement conséquent». Le projet de 3 milliards d'euros prévoit l'acheminement de 8 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l'Italie et doit compléter le gazoduc « Transmed » qui relie l'Algérie à l'Italie depuis 1984.