Photo: Horizons. Les Européens veulent s'assurer, à l'approche de l'hiver, les conditions d'un bon approvisionnement en gaz sans tomber sous le diktat russe. Lors de la conférence internationale qui s'est ouverte, lundi et mardi derniers, à Bakou (Azerbaïdjan), le débat a porté, entre autres, sur les «Infrastructures gazières mondiales en 2009 en mer Caspienne», allusion au projet gazier Nabucco, la coopération intergouvernementale en matière d'exportation du gaz produit dans la région, les futurs itinéraires d'exportation de gaz, le financement des grands projets en cours de réalisation… Les Européens semblent faire jouer les rivalités ou la concurrence entre les diverses sources d'approvisionnements en gaz possibles. C'est l'option diversification tant prônée par les responsables européens. Le Vieux continent est désormais arrosé de gazoducs venant tant du Maghreb que de l'Asie. Rien que de cette région, il y a le Nabucco, mais aussi un autre projet de gazoduc le South Stream, prévu pour passer sous la mer Noire et permettre à la Russie d'exporter du gaz vers l'Europe en contournant l'Ukraine source de conflits (avec la Russie) qui lui a coûté deux sévères ruptures d'approvisionnements en plein hiver. Les médias européens voient dans la construction du gazoduc Nabucco, la chance pour l'Europe de «gagner son indépendance vis-à-vis de la Russie» en ce qui concerne les livraisons de gaz naturel. «Nabucco est un projet international à la signification stratégique déterminante, pour l'Union européenne», disent-ils. Il met un terme au monopole russe sur les livraisons de gaz naturel. Le problème, pour les spécialistes, est que «l'Azerbaïdjan n'a pas assez de réserves», et les Européens devront trouver «les partenaires qui puissent leur livrer du gaz naturel.» De plus, il est loin de porter une cohésion européenne. Gaz de France (GDF Suez), qui avait tenté de rejoindre le Nabucco en 2008 s'était heurté à l'opposition de la Turquie, principal pays de transit du gazoduc, qui entendait ainsi protester contre la reconnaissance du génocide arménien par le parlement français. La Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l'Allemagne, l'Autriche et la Turquie viennent tout juste de signer l'accord de construction du gazoduc lancé en 2002. D'une capacité de 31 milliards de mètres cubes, son achèvement est prévu pour 2014. De plus, les 50% de gaz transportés devront revenir aux «six pays impliqués dans le projet», prévoit l'accord. Alors ? Tout au plus, le Nabucco permettra-t-il à l‘Europe de diversifier ses approvisionnements. Selon le ministre algérien de l'Energie et des Mines, l'Algérie compte augmenter graduellement ses exportations de gaz qui atteindront 85 milliards m3 à l'horizon 2014 justement au moment où entrent en fonction les projets alternatifs cités plus haut. Ces capacités seront renforcées justement grâce au Medgaz qui vise le marché Europe avec 8 milliards m3/an. Les chances de l'Algérie de préserver ses parts sur le marché européen resteront donc intactes avec notamment l'achèvement du Medgaz qui relie l'Algérie à l'Espagne, prévu fin 2009, et d'autres gazoducs tels le Galsi, le Transmed via l'Italie dont les capacités seront renforcées ou encore le Transsaharien Gas Pipepeline (TSGP) qui part des champs gaziers du Nigeria à l'Europe en passant par l'Algérie. Ce projet avance bien puisqu'il a «franchi une importante phase dans sa concrétisation», dira M. Khelil dans un récent entretien à la revue Pétrole et Gaz arabes.