Dans le cadre du premier festival du film européen en Algérie (18-27 janvier) a été projeté, hier à la salle Ibn Zeydoun à Alger, Caché, un film du cinéaste autrichien Michaël Haeneke (2005). Avec Daniel Auteuil (Georges) et Juliette Binoche (Anne). Georges, journaliste littéraire, reçoit des vidéos filmées clandestinement depuis la rue où on le voit avec sa famille ainsi que des dessins difficiles à interpréter, à savoir une tête d'enfant avec une tache rouge dans la bouche. Georges sent qu'une menace pèse sur lui et sa famille. La police lui refuse son aide en conséquence, vu le caractère flou de cette menace. Avec le temps, le contenu de ces cassettes devient plus personnel et laisse supposer que l'expéditeur et Georges se connaissent depuis longtemps. Il décide d'enquêter tout seul, ce qui le mène à la maison paternelle en rendant visite à sa mère pour l'interroger sur Madjid, enfant d'un couple algérien qui a travaillé dans la ferme paternelle et qu'elle a voulu adopter. Les parents de Madjid ont disparu lors des événements du 17 octobre 1961, la manifestation pacifique organisée par le FLN à Paris et réprimée dans le sang par la police française. Madjid a fini par quitter la ferme à cause du comportement odieux de Georges à son égard. Cependant, l'homme, c'est aussi l'enfant. Les souvenirs resurgissent où drames individuels et collectifs se confondent. En rencontrant Madjid, Georges aurait dû peut-être reconnaître sa faute, même si elle date de son enfance, et proposer à Madjid son aide. Néanmoins, il se dérobe du passé. Madjid finit par se suicider devant lui en se tranchant la gorge à l'aide d'un couteau. L'image est présentée dans toute sa violence, alors que la force du film se concentre sur la narration. Une narration qui montre en filigrane la dimension politique et psychologique du film, ce passé mal refoulé qui trouble le présent pour phagocyter l'avenir, non sans drame. L'homme, par stupidité et le confort qu'il se procure, est convaincu que la vie est linéaire. Il évacue tout sentiment jusqu'à détruire sa propre conscience. Ainsi, le réalisateur essaie de comprendre la complexité de l'homme. Il appréhende les menaces qui pèsent sur l'avenir, ignorant qu'il les vit et les nourrit même. Ce film sera projeté jeudi au public.