Surprise du Festival du film européen en Algérie, il sera diffusé ce jeudi à 13h à la salle Ibn Zeydoun... Auteur du sulfureux Funny Games et La Pianiste, le réalisateur autrichien Michaël Haeneke signe dans son dernier film Caché, sorti en octobre 2005, donc très récent, un thriller prenant et angoissant. Georges alias Daniel Auteuil est journaliste littéraire, vit tranquillement dans sa grande maison peuplée de livres, en compagnie de sa femme, l'actrice sublissime Juliette Binoche, et leur fils. Une famille qui, paisible jusqu'alors, se trouve déstabilisée par des vidéos filmées clandestinement depuis la rue et qu'elle reçoit continuellement. Dans cette image fixe qui entame le long métrage de Haeneke, on voit le journaliste avec sa famille. Puis ce sont des dessins macabres difficiles à interpréter qui défilent. Peu à peu, le contenu des cassettes devient plus personnel. On perçoit la maison familiale où a grandi Georges. Pour lui, il n'y a aucun doute, l'expéditeur le connaît depuis longtemps. Alors qu'il se doute de quelque chose, le journaliste cache ses soupçons à sa femme pour ne pas l'alarmer. Il sent qu'une menace pèse sur lui et sur sa famille, mais comme cette menace n'est pas explicite, la police refuse de l'aider. Un film dans un film, la caméra épieuse traque l'indice comme les faits et gestes de cette famille plongée dans la tourmente. Au confort de cette tribu bourgeoise que rien ne soupçonnait d'être en danger, le réalisateur oppose le déchirement d'un homme qui finira sa vie dans le bas-côté de la société. Le film aborde ici de front la souffrance de la culpabilité, sentiment que le réalisateur se plaît à traiter dans ses films: «Un homme confronté au résultat d'une faute commise dans son enfance». Caché met l'Algérie au centre de ce film noir. Petit, Georges refusait de partager sa vie avec un autre enfant, arabe, Madjid, et dont les parents décident d'élever, peut-être par culpabilité, justement, car sa famille a été présumée assassinée lors des événements du 17 octobre 1961. Refusant d'accepter cette réalité, Georges décide de «cafter» à l'âge de 6 ans le petit Madjid en inventant des bêtises que celui-ci n'avait pas commises. C'est ainsi qu'il a pu se débarrasser de ce garçon arabe. Devenut grand, Madjid, complètement détruit mais néanmoins ayant un fils, se suicide sous les yeux traqués de remords de Georges. Le film ne dit pas à la fin, qui est l'auteur des envois des cassettes, mais concentre sa trame sur les dégâts que peut provoquer l'être humain sur un autre et que d'aucuns feignent d'ignorer. Une souffrance qui finit par rejaillir parfois sur le bourreau et le harceler. Une hantise qui montait crescendo chez Georges et finissait par exploser avec rage et colère. D'une histoire individuelle, peut-être que le réalisateur a voulu toucher du doigt un pan sensible de cette histoire commune que partagent l'Algérie avec la France, et dont les secrets ne sont pas tout à fait identifiés ou divulgués... D'une extrême froideur, le film restitue, sous l'oeil inquisiteur d'une caméra qui cherche à sonder le mystère, l'atmosphère angoissante de cette «part d'ombre» qu'il y a en nous, dans ces pages jaunies de l'histoire... Saisissant malgré ses lenteurs, le film Caché s'est vu décerner à Berlin le prix du meilleur film européen lors des European Film Awards 2005 et le prix de la mise en scène à Michäel Haeneke lors du dernier Festival de Cannes. Le metteur en scène Michäel Haeneke a par ailleurs, été récompensé comme meilleur réalisateur de l'année. Daniel Auteuil a également été consacré meilleur acteur européen pour son interprétation dans Caché. Le film de Michäel Haeneke s'est vu par ailleurs remettre le prix de la critique/prix Fipresci. Il a en outre enregistré, lors de sa sortie en France près de 460 000 spectateurs. Il sera diffusé ce jeudi à 13h à la salle Ibn Zeydoun. «Ce film constituera le bonus de cette première édition du Ffea. La présentation de ce film témoigne de notre volonté de montrer au public algérien le meilleur de la production cinématographique européenne», affirme Sora Production.