Condamnés à six ans de prison ferme pour une affaire liée à des marchés avec la DGSN, les trois cadres de l'entreprise privée ABM (Algerian Busines Multimedia), Mohamed Antri Bouzar, PDG de ABM (une société privée), Toufik Sator, directeur général adjoint (gendre de Oultache) et Zerouk Djaïder, directeur commercial, poursuivent leur grève de la faim entamée mercredi dernier. Leurs avocats craignent pour leur état de santé, qui se dégrade de jour en jour, notamment pour Zerouk Djaïder, qui «commence à avoir des complications». Selon maîtres Farouk Ksentini et Tayeb Belarif, «les grévistes refusent de suspendre leur grève de la faim, arguant que leur action reste l'ultime moyen pour pousser les autorités judiciaires à leur assurer un procès équitable le 11 décembre prochain». Les deux avocats affirment avoir rendu visite à leurs mandants dans leur cellule à Serkadji pour les convaincre de renoncer à leur périlleuse action, «sans espoir». La défense s'est déclarée «impuissante» face à «l'intransigeance» des trois prévenus. «Le premier procès s'est tenu en dépit des graves dérives judiciaires et des nombreuses violations de la procédure. Il s'est terminé avec un jugement qui repose sur ‘l'usage' en matière de marché public et non pas la loi», explique Me Belarif. Il affirme que «le procureur général devait leur rendre visite dimanche dernier pour s'enquérir de leur état, mais il ne l'a pas fait. Les prévenus ne prennent que de l'eau et du sucre depuis déjà cinq jours». Abondant dans le même sens, Me Ksentini estime que «les prévenus craignent un remake du premier procès. Ils savent que la grève de la faim qu'ils font va avoir de lourdes incidences sur leur santé, mais refusent d'y mettre fin. Aujourd'hui encore, je vais aller les voir pour tenter de les dissuader. Cela va être difficile, parce que je connais d'avance leur réponse». Lors de sa conférence de presse animée mercredi dernier au bâtonnat d'Alger, Me Belarif avait dénoncé «une série de violations» de la procédure, ayant suscité le dépôt de deux plaintes. L'une contre X pour soustraction frauduleuse du rapport de l'inspection générale sur la base duquel l'enquête sur les marchés a été déclenchée ainsi que le rapport d'analyse comparative des onduleurs proposés par ABM et ceux d'un concurrent. L'autre, pour recel, a été déposée contre la magistrate qui a eu à juger l'affaire. Maître Belarif a souligné qu'«une requête en récusation du juge chargé du dossier a été déposée auprès du président de la cour d'Alger le 17 octobre. Une requête en suspicion légitime a été introduite le 27 octobre dernier auprès du président de la Cour suprême. Aucune de ces procédures n'a eu de réponse, pas même la notification d'un méprisant classement».