Le procureur a requis, avant-hier, tard dans la soirée, la peine de 10 ans de prison à l'encontre de plusieurs prévenus dans le procès de l'affaire DGSN-ABM. Les avocats de ces derniers ont, dans leurs plaidoiries, hier, relevé que la DGSN n'avait pas déposé une plainte et ne s'était pas constituée partie civile dans cette affaire. Ils relèvent l'absence du préjudice financier et mettent l'accent sur les déclarations des témoins, des membres de la commission d'évaluation technique de la direction générale de la sûreté nationale et les différentes expertises et rapports de la police qui ont confirmé que le marché octroyé à la société Algerian Business Multimédia (ABM) en 2007 était conforme à la réglementation et à la législation en vigueur. Les avocats affirment que l'inculpation ne repose que sur le lien de parenté entre le principal accusé, Oultache Chouaïb, l'ex-chef de l'unité d'aviation à la Sûreté nationale, et son gendre Satour, DG adjoint et actionnaire minoritaire de la société d'informatique ABM. “C'est une affaire politique fomentée par une justice aux ordres”, a soutenu d'emblée Me Bouchachi qui s'est interrogé : “Pourquoi veut-on détruire les gens qui réussissent ?” Il poursuit : “Antri-Bouzar, DG d'ABM, a soumissionné pour deux offres et il n'a remporté qu'une, celle des onduleurs dont le coût est deux fois moins important que le marché des imprimantes, avec tout ce que cela suppose comme succession de contrats portant consommables. Cela prouve qu'il y a eu concurrence et que les règles ont été respectées.” En effet, concernant le marché de fournitures d'équipements informatiques attribué en 2007, ABM n'était qu'un fournisseur parmi quatre retenus par la société Epson dans le cadre d'un marché global. Selon Me Bouchachi, l'actuel DGSN “n'a pas jugé qu'il y avait vraiment une affaire, puisqu'il n'a pas suspendu ses cadres impliqués. Mieux, certains d'entre eux ont bénéficié même de promotions”. L'avocat d'Antri-Bouzar, Me Ksentini, pense que c'est une affaire “préfabriquée qui a fait beaucoup de bruit pour rien”. Il estime que l'Etat a décidé de reprendre sa guerre contre les cadres, en y ajoutant l'élite. Me Ksentini dénonce la détention préventive que subissent six des accusés depuis huit mois, estimant que le juge d'instruction s'est arrogé le droit d'infliger par avance une peine à des prévenus qui bénéficient normalement de la présomption d'innocence jusqu'à leur condamnation. Il s'interroge particulièrement sur le cas du directeur commercial à ABM qui, selon ses dires, devrait être mis hors de cause, parce qu'il n'a ni initié ni signé le contrat, ni bénéficié d'un quelconque avantage. “Il n'a fait qu'exécuter les ordres de son patron. C'est un simple salarié.” Me Ksentini poursuit : “Celui qui veut magouiller ou corrompre ne va pas le faire avec la police. C'est se mettre dans la gueule du loup. S'il n'y a pas de préjudice, d'infraction, donc il n'y a pas de complicité”, conclut-il. Me Bourayou soutient, également, la thèse d'une cabale judiciaire à l'encontre des cadres de ce pays en soulignant que Yahiaoui, pilote, ingénieur et membre de la commission d'évaluation technique de la DGSN, n'avait aucun pouvoir de décision, puisqu'il était sous l'autorité d'Oultache, son supérieur direct. Rappelons que le colonel Chouaïb Oultache et une dizaine d'autres cadres de la Dgsn sont poursuivis pour soupçon de privilèges accordés au profit de la société ABM. En tout, 25 personnes répondent actuellement des chefs d'inculpation de passation de marchés publics en violation de la législation, dilapidation de deniers publics et trafic d'influence. Selon l'ordonnance de renvoi, les faits concernent la passation de marchés “douteux” portant sur des équipements informatiques entre la direction générale de la Sûreté nationale et la société ABM. Nissa Hammadi DRS 24-10-2011 13:03 aissa 24-10-2011 09:23 SALAM 23-10-2011 15:08 lee2472 23-10-2011 13:08