Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«Les investissements dans les systèmes de détection et leur installation vont croissant» Elise Melot. De l'Agence radiophonique italienne «Amisnet» spécialisée dans le domaine migratoire
-Pouvez-vous nous dire quelles sont les motivations qui poussent votre agence à se spécialiser dans tout ce qui a trait à la question migration ? Depuis plusieurs années, l'agence radiophonique Amisnet s'intéresse de près aux questions et aux politiques migratoires, un thème très important en Europe aujourd'hui et très souvent instrumentalisé à des fins politiques. En Italie, jusqu'à la mise en application des accords italo-libyens, Lampedusa était considérée comme l'une des «portes d'entrée» pour les migrants en Europe. L'immigration est très présente dans la presse et y est souvent présentée de façon négative. Les questions migratoires sont au centre de nombreux intérêts, qu'ils soient politiques ou économiques. Depuis bientôt trois ans, Amisnet produit «Passpartù», une émission hebdomadaire sur les questions migratoires, où la parole est donnée aux migrants. Marzia Coronati et moi-même, nous nous occupons de cette émission. -Le cas des harraga algériens disparus semble susciter un intérêt particulier. Est-ce en raison de l'implication de votre pays dans leur financement que votre agence axe ses enquêtes sur les centres de rétention secrets pour migrants qui existent en Tunisie ? Peut-on comprendre que des actions visant à interpeller votre gouvernement soient en préparation ? A plusieurs reprises, nous avons raconté les drames qui surviennent aux portes de l'Europe ou en Europe : certains perdent la vie en mer, d'autres sous des camions entre la Grèce et l'Italie ou la France et l'Angleterre. Les lois européennes, toujours plus restrictives, contraignent les migrants dépourvus de visa à courir des risques toujours plus grands pour arriver en Europe. L'objectif de notre travail est donc d'informer nos auditeurs sur les politiques européennes et leurs conséquences. Nous cherchons aussi à comprendre dans sa complexité l'externalisation des frontières, en Libye et en Tunisie par exemple. L'Italie a passé des accords avec ces pays dirigés par des personnalités autoritaires et soutient ces régimes, entre autres pour pouvoir contenir l'arrivée de migrants sur son territoire : il nous semble important de déchiffrer et de raconter les conséquences de tels accords. -Selon vous, à combien s'élèverait le nombre de migrants irréguliers vivant sur le territoire italien, notamment les Algériens ? Et les centres de rétention pour migrants, combien sont-ils ? Selon l'organisation Caritas/Migrantes, 600 000 migrants ayant un permis de séjour résideraient en Italie. Selon l'OCDE, en 2008, il y avait entre 500 000 et 750 000 sans-papiers sur le territoire italien.Je ne connais pas le nombre d'Algériens irréguliers en Italie.Le nombre de centres de rétention (centre d'identification et d'expulsion, CIE) s'élève à 13, soit plus de 1800 places. La durée maximale de rétention est de 6 mois. Le «délit de clandestinité» est également en vigueur en Italie et est passible d'une peine d'emprisonnement de 6 mois également. -Votre pays a mis le paquet pour le renforcement des moyens de contrôle et de surveillance de ses frontières tels que le recours à des systèmes de détection de haute technologie. Pouvez-vous nous en dire plus ? L'Italie travaille main dans la main avec les autres pays européens et avec l'agence européenne Frontex, les investissements dans les systèmes de détection et leur installation vont croissant. L'accord italo-libyen prévoit ainsi la construction d'un «mur électronique» à la frontière sud de la Libye. Le marché s'élève à 300 milliards d'euros et a été remporté par une entreprise italienne, Selex, une filiale de Finmeccanica. Cependant, nous disposons de très peu d'informations quant à sa réalisation.