L'Occident considère le monde-arabo-musulman comme un ensemble allant du Maghreb au Pakistan. Le XIXe siècle a vu l'émergence d'un mouvement de conquête du monde arabo-musulman porté par un orientalisme de colonisation à la Sylvestre De Sacy. La fin du XIXe siècle a connu un orientalisme romantique de type Pierre Loti. Après la décolonisation et la fin de la guerre froide, l'Occident fait appel à sa ritournelle de la reconquête sous l'impulsion d'un orientalisme agressif des F. Hayek, des B. Lewis, des N. Friedmann et des S. Huntington. Après la chute du Mur de Berlin, l'empire américano- sioniste et ses alliés décident de remodeler la carte du monde arabo-musulman. Pour cela, il fallait un cheval de Troie pour la réalisation de cette stratégie. Le complot du 11 septembre 2001 a été le faux nez de cette dernière. Immédiatement après, le monde arabo-musulman est mis sur la sellette, jugé et condamné sans aucune enquête. Dix jours après le 11 septembre, le général Wesley Clark se rendit au Pentagone. Rumsfeld lui montra un mémo dans lequel il a pu savoir que sept pays arabo-musulmans doivent passer à la casserole (interview de Wesley Clark le 2 mars 2007). Ces pays sont : l'Afghanistan, l'Irak, la Libye, le Liban, la Syrie le Soudan et l'Iran. La nouvelle Administration Bush a fait de la lutte contre le terrorisme supposé sa principale priorité stratégique. Ce terrorisme a été défini non seulement comme tout ce qui vise les USA mais aussi les actions et manifestations hostiles à l'entité sioniste. Washington a fait totalement sienne la vision sioniste du monde et notamment sa conception géostratégique du monde arabo-musulman. Le sionismocentrisme du monde est la pierre angulaire de la stratégie de remodelage du monde arabo-musulman. La volonté américano-sioniste de remodeler la carte du monde arabo-musulman entre dans les plans du Project for the New American Century (PNAC). Le Commandement militaire américain en Europe et au Moyen-Orient s'est adapté à cette nouvelle stratégie. Pour contrôler le Maghreb mais aussi l'Afrique, l'Empire a créé la combined joint task force-hurn of Africa avec 1800 soldats stationnés à Djibouti au camp Lémonier, ancien camp de la légion étrangère française, avec pour but de surveiller toute la Corne de l'Afrique, notamment la mer Rouge et le Soudan. Cette task force relevait du Centcom, dont le quartier général, situé à Stuttgart, gérait le Grand Moyen-Orient (le Maghreb et le Machrek). Mais l'Afrique a pris une telle importance pour l'entité sioniste que l'empire a créé en 2007 l'Africom, opérationnel depuis le 1er octobre 2008. Son siège n'est pas pour longtemps à Stuttgart, puisque la Jamahiriya a disparu, il s'y installera incessamment pour être près du terrain où il surveillera dans de très belles conditions l'Algérie, un marché juteux. Africom travaille en étroite collaboration avec la CIA et le Mossad qui ont développé considérablement leurs activités en passant des accords de coopération avec les services des pays-clés. L'empire a réinstallé et légitimé les actions sionistes sur le Maghreb et l'Afrique. L'entité sioniste a repris la place qui était la sienne au temps de la guerre froide, celle de gendarme discret et efficace de l'Occident. Les sionistes ont été impliqués dans les guerres civiles en Angola, au Liberia, en Sierra Leone, au Rwanda, au Soudan, en Libye, en Irak, au Liban et au Congo de Lumumba. Ils tentent de mettre le feu en Syrie, en Iran, en Algérie et dans tous les pays du Grand Moyen-Orient. Les guerres d'Afghanistan et de l'Irak ont préparé l'intervention directe de l'empire au profit de l'entité sioniste. L'empire a estimé que sa sécurité et sa stabilité étaient la sécurité de l'entité sioniste et que quiconque souhaiterait établir des relations harmonieuses avec lui devait d'abord normaliser ses relations avec l'entité sioniste. Il a établi une liste noire dont le Soudan, la Libye, la Syrie, l'Algérie et l'Iran font partie, et qui a pour seul but la protection de l'entité sioniste, et soit la partition soit la disparition soit la désintégration des pays arabo-musulmans. Ce programme est en partie réalisé. La suite viendra au fur et à mesure de l'interférence des intérêts de l'Empire avec ceux des dirigeants des pays arabo-musulmans. L'obéissance le doigt sur la couture du pantalon des dirigeants arabo-musulmans pour préserver les intérêts de l'empire américano-sioniste est la condition sine qua non pour se maintenir sur le fauteuil du pouvoir au détriment de leurs peuples. L'empire et son allié ont eu les yeux fixés sur les immenses richesses du Soudan et de la Libye : pétrole, gaz, plomb, fer, eau, etc. Les sionistes ont voulu la sécession de l'ouest du Soudan et la conquête de la Libye et ils les ont eues avec bonus : l'installation de bases militaires. De telles bases représentent une menace réelle sur l'Algérie, le Soudan, l'Egypte, la Tunisie et toute la mer Rouge. Avi Dichter, ministre de l'entité sioniste avait déclaré à Al Ahram des 5-11 novembre 2009 : «La déstabilisation du Soudan est un objectif stratégique pour Israël, alors qu'un Soudan stable et fort renforcerait les Arabes et leur sécurité nationale... Eliminer le rôle du Soudan pourrait être mené à bien par la continuation de la crise au Darfour, maintenant que la gestion du Sud a été réglée.» On ne peut apporter plus de preuves que cela en ce qui concerne l'implication des sionistes dans les guerres civiles pour déstabiliser les pays arabes. La Libye, contrairement aux idiots utiles qui croient que c'est une révolution du peuple, a été le travail du Mossad et de la CIA. La chaîne Al Jazeera a été le mercenaire arabe qui a préparé la fitna, et les harkis islamistes, les collaborateurs qui ont détruit le pays. Une parenthèse s'impose ici. Qaradawi qui a lancé une fatwa sur Al Jazeera pour tuer El Gueddafi est satisfait aujourd'hui. Il fait la fête avec l'Occident talmudo-sioniste et les nouveaux harkis du CNT. Mais le problème, c'est que ce ne sont pas les Libyens qui ont tué El Gueddafi, son fils et ses ministres. C'est plutôt les forces spéciales et les bombardements de l'Otan. Qaradawi voit la paille mais ne voit pas la poutre. Il voit El Gueddafi mais ne voit pas le Bao-Dei qui l'emploie qui a transformé son Emirat en une base sioniste et sa chaîne Al Jazeera en un repère de sayanim (sayanim est le pluriel de sayan en hébreu qui veut dire informateur bénévole du Mossad). Qaradawi, Zandani, Aedh El Karni, Aymen Adhawahiri et Al Outhaymine et tous ceux qui leur ressemblent ont du sang sur les mains des enfants et des femmes déchiquetés en Libye par l'Otan comme leur maître à penser Ibn Baz qui a sorti une fatwa à l'empire pour massacrer les enfants et les femmes irakiens à l'uranium 238 faiblement enrichi. Entre ces savants et El Gueddafi et Saddam, grande est la différence. Ces derniers ont préféré mourir avec une grande partie de leur fratrie en résistant à l'empire du mal. Les savants pharisiens se sont accrochés à la vie pour un vil prix en courbant l'échine et en acceptant de signer un pacte avec Satan comme leur aïeul Balaam des Bannu Israël (Balaam ibn baora, dans l'Ancien Testament et dans le Coran). Ils ne peuvent pas descendre plus bas dans l'indignité et la bassesse. Décidément, on vit dans une drôle d'époque, une époque pavlovienne. Un homme modeste du peuple, honnête et intègre peut être mille fois meilleur qu'un savant pharisien, d'une inculture politique sidérante. La stratégie des sionistes dans le monde arabo-musulman est de tisser des réseaux de relations et d'alliances solides avec certaines parties au détriment des autres. C'est ainsi que les faux problèmes rituels et linguistiques sont mis en avant de la scène pour diviser les habitants d'un même pays ou des pays frères entre eux : sunnisme contre chiisme et Amazighs contre Arabes. En 2006, les juifs américains ont organisé un grand rassemblement à Washington pour la guerre contre le Soudan. Le lobby juif-sioniste créa «Save Darfour» en vue de disloquer le Soudan. En France, les philosophes charlots Bernard Henry Lévy, Glucksmann et Bruckner mobilisent la communauté juive sioniste autour de «Urgence Darfour» pour le même objectif. Après le 11 septembre 2001, l'Afghanistan est colonisé, en 2003 l'Irak est détruit, en 2006, le Liban est envahi en 2009, Ghaza est massacré et en 2011, le Soudan est disloqué et la Jamahiriya disparue. Après tout cela, les dirigeants arabo-musulmans continuent à tourner le dos à leurs peuples. Ils ne se sentent pas visés. Ils continuent la fuite en avant et à construire leur légitimité sur la force armée et l'injustice. Ils n'ont pas encore compris que la force armée ne sert à rien si le peuple est opprimé. L'histoire est là pour nous instruire. Quand le dernier roi Al Musta'sim des Abbassides a été surpris dans son palais par Hulagu Khan en 1248, le peuple de Baghdad n'a pas voulu le défendre ni d'ailleurs son armée. Il ordonna à ses serviteurs d'apporter tous les objets de valeur et à les offrir à Hulagu en espérant avoir la vie sauve. Après avoir fini de tout donner à Hulagu, ce dernier le soi-disant barbare, redistribua ces objets à ses soldats. Puis, il demanda à Al Msuta'sim pourquoi il ne s'est pas déplacé au-delà des ponts de Baghdad pour lui barrer la route. Al Musta'sim lui expliqua que c'est la volonté de Dieu et qu'il n'y pouvait rien. Et Hulagu de répondre : puisque c'est la volonté de Dieu qui a fait que tu n'as pas voulu me résister, alors je vais ordonner de te décapiter et c'est aussi la volonté de Dieu, et il l'a décapité devant sa cour (Tariq Ali, Bush à Babylone, la recolonisation de l'Irak, La Fabrique Editions, Paris, 2004, 248 pages). Aucun régime n'est à l'abri d'une disparition pure et simple avec châtiments terribles comme c'est le cas du régime irakien et du régime libyen. Les régimes arabo-musulmans doivent immédiatement tendre la main aux peuples et reconstruire une légitimité réelle basée sur ces derniers. Ils ont des modèles de régimes qui se sont maintenus grâce à leurs peuples et avec leurs peuples en ayant conscience d'avoir une destinée commune. L'exemple d'Hugo Chavez et de Fidel Castro sont un bon modèle à suivre. Les régimes arabo-musulmans doivent revoir la redistribution des richesses qui a prévalu chez eux jusqu'à présent. Ils doivent mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut en déclarant la guerre à l'injustice, à la corruption, à la bureaucratie, à la répression, au piston, au clientélisme, au copinage, aux passe-droits, au larbinisme, au grenouillage et au mouchardage. Ils doivent également introduire la vertu et l'intégrité dans leurs sociétés et une vraie alternance du pouvoir. Toutes les armées doivent retourner dans les casernes pour s'occuper uniquement de la défense de leurs pays et s'abstenir de faire de la politique. En plus de tout cela, il faudrait reconstruire des Etats où le savoir, la culture et la science soient le centre de gravité de la société. Et pour bien défendre leur existence, ils devraient réfléchir à une solide union à l'instar des blocs qui se forment en Amérique latine autour d'Hugo Chavez, faute de quoi, leur domination les perdra. J. J. Rousseau s'est déjà prononcé sur les Etats qui font de la force armée la base de leur légitimité. Nous pouvons lire dans Education et liberté : «La domination même est servile, quand elle tient à l'opinion ; car tu dépends des préjugés de ceux que tu gouvernes par les préjugés. Pour conduire comme il te plait, il faut te conduire comme il leur plaît» «Sitôt qu'il faut voir par les yeux des autres, il faut vouloir par leurs volontés. Mes peuples sont mes sujets, dis-tu fièrement. Soit. Mais toi, qu'es-tu ? Le sujet de leurs commis, de leurs maîtresses, les valets de leurs valets. Prenez tout, usurpez tout et puis versez l'argent à pleines mains ; dressez des batteries de canon ; élevez des gibets, des roues ; donnez des lois, des édits, multipliez les espions, les soldats, les bourreaux, les prisons, les chaînes : pauvres petits hommes, de quoi vous sert tout cela ? Vous n'en serez ni mieux servis, ni moins volés, ni moins trompés, ni plus absolus. Vous dites toujours : nous voulons ; et vous ferez toujours ce que voudront les autres.»